Latest Poems

Après avoir souffert

A

Après avoir souffert, après avoir vécu,Tranquille, et du néant de l’homme convaincu,Tu dis je ne sais rien ! — Et je te félicite,Ô lutteur, ô penseur, de cette réussite. Maintenant, sans regret, sans désir, humblement,Bienveillant pour la nuit et pour l’aveuglement,Tu médites, vibrant au vent comme une lyre ;Tu savoures l’azur, le jour, l’astre ; et sans lireLes papyrus...

BRIMADES

B

La tronche tavelée de taches de rousseur,On ne l’épargne guère et les vannes déferlentA son adresse. Il rétorque par quelque perleou cinglant quolibet dénué de douceuret où il est question de mères et de soeurs.

( le Zappe )

Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant

J

Je brûle avec mon âme et mon sang rougissantCent amoureux sonnets donnés pour mon martyre,Si peu de mes langueurs qu’il m’est permis d’écrireSoupirant un Hécate, et mon mal gémissant.Pour ces justes raisons, j’ai observé les cent :A moins de cent taureaux on ne fait cesser l’ireDe Diane en courroux, et Diane retireCent ans hors de l’enfer les corps sans monument.Mais quoi ? puis-je connaître au...

Hymn To Love

H

We are thine, O Love, being in thee and made of thee, As théou, Léove, were the déep thought And we the speech of the thought; yea, spoken are we, Thy fires of thought out-spoken: But burn’d not through us thy imagining Like fiérce méood in a séong céaught, We were as clamour’d words a fool may fling, Loose words, of meaning broken. For what more like the brainless speech of a fool,— The lives...

Mort – Rondeau

M

Mort, j’appelle de ta rigueur,Qui m’as ma maîtresse ravie,Et n’es pas encore assouvieSe tu ne me tiens en langueur:Onc puis n’eus force ne vigueur;Mais que te nuisoit elle en vie,Mort?Deux étions et n’avions qu’un coeur;S’il est mort, force est que devie,Voire, ou que je vive sans vieComme les images, par coeur,Mort!

François Villon (c. 1431–1464)

 

VERS

V

Ecrits après une visite au Cimetière du Père-Lachaise Je suivais, tout pensif et sombre, ces alléesQue bordent de milliers de tristes mausolées,Rêvant l’éternité dont la tombe est le seuil ;Je voyais la nature elle-même être en deuil :Les feuilles des rameaux, par le froid détachées,Voltigeaient sur le sol, jaunes et desséchées.L’hiver venait, l’hiver et toutes ses rigueursQui glacent le...

Elizir d’Amor

E

Tu ne me veux pas en rêve,Tu m’auras en cauchemar !T’écorchant au vif, sans trêve,– Pour moi.., pour l’amour de l’art. – Ouvre : je passerai vite,Les nuits sont courtes, l’été…Mais ma musique est maudite,Maudite en l’éternité ! J’assourdirai les recluses,Ereintant à coups de pieux,Les Neuf et les autres Muses…Et qui n’en iront que mieux !… Répéterai tous mes rôlesBorgnes – et...

Le Livre Des Fléaux

L

Todd Swift Traduction : Robert Paquin, Ph. D. 1. Là, sur ton visage, est le visage que je voudrais toucher,bien que les mains que je porte soient trop longues.Elles t’affameraient, mes mains,comme de longs poteaux de fer encastrés dans le solpour emprisonner, avec tous les oiseaux qui paradent autour,car c’est là que les gardes mettent le pain, pour se moquer.Personne n’a eu l’idée de publier les...

Les caresses des yeux

L

Les caresses des yeux sont les plus adorables ; Elles apportent l’âme aux limites de l’être, Et livrent des secrets autrement ineffables, Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître. Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d’elles ; Leur langage est plus fort que toutes les paroles ; Rien n’exprime que lui les choses immortelles Qui passent par instants...