Jean RICHEPIN Votre beau thé, moins rare que vos yeux,Votre thé vert, fleuri, délicieux,Qui vaut quasi dix mille francs la livre,Moins que la fleur de vos yeux il enivreEt fait rêver qu’on s’en va dans les cieux. J’ai bu les deux arômes précieux ;Et jusqu’au jour dans mon lit soucieuxIl m’a sonné des fanfares de cuivre,Votre beau thé. Je vous voyais passer parmi les...
Rondeau
Watteau
Au-dessus des grands bois profondsLétoile du berger sallume…Groupes sur lherbe dans la brume…Pizzicati des violons…Entre les mains, les mains sattardent,Le ciel où les amants regardentLaisse un reflet rose dans leau ;Et dans la clairière indécise,Que la nuit proche idéalise,Passe entre Estelle et CydaliseLombre amoureuse de Watteau. Watteau, peintre idéal de la fête...
Hymn To Love
We are thine, O Love, being in thee and made of thee, As théou, Léove, were the déep thought And we the speech of the thought; yea, spoken are we, Thy fires of thought out-spoken: But burn’d not through us thy imagining Like fiérce méood in a séong céaught, We were as clamour’d words a fool may fling, Loose words, of meaning broken. For what more like the brainless speech of a fool,— The lives...
” Qui donc es-tu étranger ?
” Qui donc es-tu étranger ? ” s’inquiète le shérifen voyant le nouveau, plutôt patibulaireet dont on devine, rien qu’au vocabulaire,qu’il vaut mieux écraser sinon de son long rifl’il massacre les fleurs du saloon, de colère.
( le Zappe )
Mort – Rondeau
Mort, j’appelle de ta rigueur,Qui m’as ma maîtresse ravie,Et n’es pas encore assouvieSe tu ne me tiens en langueur:Onc puis n’eus force ne vigueur;Mais que te nuisoit elle en vie,Mort?Deux étions et n’avions qu’un coeur;S’il est mort, force est que devie,Voire, ou que je vive sans vieComme les images, par coeur,Mort!
François Villon (c. 1431–1464)
VERS
Ecrits après une visite au Cimetière du Père-Lachaise Je suivais, tout pensif et sombre, ces alléesQue bordent de milliers de tristes mausolées,Rêvant l’éternité dont la tombe est le seuil ;Je voyais la nature elle-même être en deuil :Les feuilles des rameaux, par le froid détachées,Voltigeaient sur le sol, jaunes et desséchées.L’hiver venait, l’hiver et toutes ses rigueursQui glacent le...
La bière brune
La bière brune se referme, tard ce soir.Après tant d’espoirs apportés par ton sang noirTu déclaras qu’il n’y aurait plus d’au revoirs.Les funérailles vont voir la procession noireFaire la queue goulûment devant le comptoir: Les bruyants Dubliners noyés dans la Guinness,Les Corkonians dans la Murphy enchanteresse.La bière brune se referme. Dans ce pays de légende toi la...
About The Sheltered Garden Ground
ABOUT the sheltered garden groundThe trees stand strangely still.The vale ne’er seemed so deep before,Nor yet so high the hill. An awful sense of quietness,A fulness of repose,Breathes from the dewy garden-lawns,The silent garden rows. As the hoof-beats of a troop of horseHeard far across a plain,A nearer knowledge of great thoughtsThrills vaguely through my brain. I lean my head upon my...
Elizir d’Amor
Tu ne me veux pas en rêve,Tu m’auras en cauchemar !T’écorchant au vif, sans trêve,– Pour moi.., pour l’amour de l’art. – Ouvre : je passerai vite,Les nuits sont courtes, l’été…Mais ma musique est maudite,Maudite en l’éternité ! J’assourdirai les recluses,Ereintant à coups de pieux,Les Neuf et les autres Muses…Et qui n’en iront que mieux !… Répéterai tous mes rôlesBorgnes – et...
Le Livre Des Fléaux
Todd Swift Traduction : Robert Paquin, Ph. D. 1. Là, sur ton visage, est le visage que je voudrais toucher,bien que les mains que je porte soient trop longues.Elles t’affameraient, mes mains,comme de longs poteaux de fer encastrés dans le solpour emprisonner, avec tous les oiseaux qui paradent autour,car c’est là que les gardes mettent le pain, pour se moquer.Personne n’a eu l’idée de publier les...