Archive2016

Souvent, le front posé sur tes genoux…

S

Souvent, le front posé sur tes genoux, je pleure,Plus faible que ton coeur amoureux, faible femme,Et ma main qui frémit en recevant tes larmesSe dérobe aux baisers de feu dont tu l’effleures. ” Mais, dis-tu, cher petit enfant, tu m’inquiètes ;J’ai peur obscurément de cette peine étrange :Quel incurable rêve ignoré des amantesL’Infini met-il donc au coeur de ces...

Le vent est doux comme une main de femme

L

Le vent est doux comme une main de femme,Le vent du soir qui coule dans mes doigts ;L’oiseau bleu s’envole et voile sa voix,Les lys royaux s’effeuillent dans mon âme ; Au clavecin s’alanguissent les gammes,Le soleil est triste et les coeurs sont froids ;Le vent est doux comme une main de femme,Le vent du soir qui coule dans mes doigts. Je suis cet enfant que nul ne...

Soleil couchant

S

Les ajoncs éclatants, parure du granit,Dorent l’âpre sommet que le couchant allume ;Au loin, brillante encor par sa barre d’écume,La mer sans fin commence où la terre finit. A mes pieds c’est la nuit, le silence. Le nidSe tait, l’homme est rentré sous le chaume qui fume.Seul, l’Angélus du soir, ébranlé dans la brume,A la vaste rumeur de l’Océan s’unit...

Tant que mes yeux pourront larmes épandre

T

Tant que mes yeux pourront larmes épandreA l’heur passé avec toi regretter,Et qu’aux sanglots et soupirs résisterPourra ma voix, et un peu faire entendre ; Tant que ma main pourra les cordes tendreDu mignard luth, pour tes grâces chanter ;Tant que l’esprit se voudra contenterDe ne vouloir rien fors que toi comprendre, Je ne souhaite encore point mourir.Mais, quand mes yeux je...

Amitié Fidèle

A

(Sur la mort d’Iris en 1654.)Parmi les doux transports d’une amitié fidèle,Je voyais près d’Iris couler mes heureux jours:Iris que j’aime encore, et que j’aimerai toujours,Brûlait des mêmes feux dont je brûlais pour elle:Quand, par l’ordre du ciel, une fièvre cruelleM’enleva cet objet de mes tendres amours;Et, de tous mes plaisirs interrompant le cours,Me laissa de regrets une suite éternelle.Ah...

Ode

O

The spacious firmament on high,With all the blue ethereal sky,And spangled heav’ns, a shining frame,Their great original proclaim:Th’ unwearied Sun, from day to day,Does his Creator’s power display,And publishes to every landThe work of an Almighty Hand. Soon as the evening shades prevail,The Moon takes up the wondrous tale,And nightly to the list’ning EarthRepeats the...

Le rêve de la vie

L

A vingt ans, poète aux abois,Quand revenait la saison rose,J’allais promener sous les boisMon coeur morose. A la brise jetant, hélas !Le doux nom de quelque infidèle,Je respirais les frais lilasEn rêvant d’elle. Toujours friand d’illusions,Mon coeur, que tout amour transporte,Plus tard à d’autres visionsOuvrit sa porte. La gloire sylphe décevantSi prompt à fuir à tire...

Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant

J

Je brûle avec mon âme et mon sang rougissantCent amoureux sonnets donnés pour mon martyre,Si peu de mes langueurs qu’il m’est permis d’écrireSoupirant un Hécate, et mon mal gémissant.Pour ces justes raisons, j’ai observé les cent :A moins de cent taureaux on ne fait cesser l’ireDe Diane en courroux, et Diane retireCent ans hors de l’enfer les corps sans monument.Mais quoi ? puis-je connaître au...

Aux montagnes divines

A

Glaciers bleus, pics de marbre et d’ardoise, granits,Moraines dont le vent, du Néthou jusqu’à Bègle,Arrache, brûle et tord le froment et le seigle,Cols abrupts, lacs, forêts pleines d’ombre et de nids ! Antres sourds, noirs vallons que les anciens bannis,Plutôt que de ployer sous la servile règle,Hantèrent avec l’ours, le loup, l’isard et l’aigle,Précipices...