CategoryLouis-Honoré Fréchette

Décembre

D

Le givre étincelant, sur les carreaux gelés, Dessine des milliers d’arabesques informes ; Le fleuve roule au loin des banquises énormes ; De fauves tourbillons passent échevelés. Sur la crête des monts par l’ouragan pelés,De gros nuages lourds heurtent leurs flancs difformes ; Les sapins sont tout blancs de neige, et les vieux ormesDressent dans le ciel gris leurs grands bras désolés...

La forêt canadienne

L

C’est l’automne. Le vent balanceLes ramilles, et par momentsInterrompt le profond silenceQui plane sur les bois dormants. Des flaques de lumière douce,Tombant des feuillages touffus,Dorent les lichens et la mousseQui croissent au pied des grands fûts. De temps en temps, sur le rivage,Dans l’anse où va boire le daim,Un écho s’éveille soudainAu cri de quelque oiseau sauvage...

Le dernier drapeau blanc

L

  Combien ai-je de fois, le front mélancolique,Baisé pieusement ta touchante relique,Ô Montcalm ! ce drapeau témoin de tant d’efforts,Ce drapeau glorieux que chanta Crémazie !,Drapeau qui n’a jamais connu d’apostasie,Et que la France, un jour, oublia sur nos bords ! Devant ces plis sacrés troués par les tempêtesQui tant de fois jadis ont tonné sur nos têtes,Combien de fois, Montcalm, en...

Amitié

A

A Mlle N*** Je connais un petit angeLequel n’a jamais mouilléSa blanche robe à la fangeDont notre monde est souillé. C’est lui qui donne le changeAu pauvre coeur dépouilléQue l’amour, vautour étrange,D’un bec cruel a fouillé. Cet ange, qui vous ressemble,Sous son aile nous rassembleC’est la divine Amitié. Son regard est doux et calme ;Il m’offre sa chaste...

Le rêve de la vie

L

A vingt ans, poète aux abois,Quand revenait la saison rose,J’allais promener sous les boisMon coeur morose. A la brise jetant, hélas !Le doux nom de quelque infidèle,Je respirais les frais lilasEn rêvant d’elle. Toujours friand d’illusions,Mon coeur, que tout amour transporte,Plus tard à d’autres visionsOuvrit sa porte. La gloire sylphe décevantSi prompt à fuir à tire...

Amitié. À Mlle N***

A

Je connais un petit angeLequel n’a jamais mouilléSa blanche robe à la fangeDont notre monde est souillé. C’est lui qui donne le changeAu pauvre cœur dépouilléQue l’amour, vautour étrange,D’un bec cruel a fouillé. Cet ange, qui vous ressemble,Sous son aile nous rassemble :C’est la divine Amitié. Son regard est doux et calme ;Il m’offre sa chaste palme…En voulez...

LOUISE

L

Un soir, elle était là, rêveuse à mes côtés ;Le torrent qui grondait nous lançait son écume ;Son oeil d’azur jetait ses premières clartés ,Comme un jeune astre qui s’allume ! Sa main touchait ma main, et sur mon front brûlant,Ses cheveux noirs flottaient ; je respirais à peine…Et sur mes yeux émus je sentais en tremblantPasser le vent de son haleine ! Mon Dieu, qu’elle...