Archive2014

Dans Paris…

D

Dans Paris, il y a une rue,dans cette rue, il y a une maison,Dans cette maison, il y a un escalier,Dans cet escalier, il y  a une chambre,Dans cette chambre, il y a une table,Sur cette table, il y a un tapis,Sur ce tapis, il y a une cage ; Dans cette cage, il y a un nid,Dans ce nid, il y a un œuf,Dans cet œuf, il y a un oiseau. L’oiseau renversa l’œuf,L’œuf renversa le nid,Le nid renversa la...

ADIEU A MES ELEVES

A

Trognes ingrates et divinesFrottées durant des mois contre ma vieMuseaux mutins, mufles doux de cabrisVampires aux ruses câlinesVous lampez mes artères et mon grand sympathiqueGavez-vous, et moi, le soir, inerteAphone et euphorique la lumière vertede vos regardsle bruit d’océans et de foiredes pieds boueux qui marchent sur ma têtedes cris aigus en plein dans mon tympandes coups de poing...

Toujours Là

T

J’ai besoin de ne plus me voir et d’oublierDe parler à des gens que je ne connais pasDe crier sans être entenduPour rien tout seulJe connais tout le monde et chacun de vos pasJe voudrais raconter et personne n’écouteLes têtes et les yeux se détournent de moiVers la nuitMa tête est une boule pleine et lourdeQui roule sur la terre avec un peu de bruit LoinRien derrière moi et rien...

Ode à Cassandre

O

Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au soleil, A point perdu cette vêprée, Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vôtre pareil. Las ! Voyez comme en peu d’espace, Mignonne, elle a dessus la place, Las, las ! Ses beautés laissé choir ! Ô vraiment marâtre Nature, Puisqu’une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous...

A une fleur

A

Que me veux-tu, chère fleurette,Aimable et charmant souvenir ?Demi-morte et demi-coquette,Jusqu’à moi qui te fait venir ? Sous ce cachet enveloppée,Tu viens de faire un long chemin.Qu’as-tu vu ? que t’a dit la mainQui sur le buisson t’a coupée ? N’es-tu qu’une herbe desséchéeQui vient achever de mourir ?Ou ton sein, prêt à refleurir,Renferme-t-il une pensée ...

Que sont mes amis devenus…

Q

Les maux ne savent seuls venir;Tout ce qui m’était à venirM’est advenu.Que sont mes amis devenusQue j’avais de si près tenusEt tant aimés ?Je crois qu’ils sont trop clairsemésIls ne furent pas bien semésIls m’ont failli.De tels amis m’ont bien trahiLorsque Dieu m’a assailliDe tous côtés.N’en vit un seul en mon logisLe vent je crois, me les a...

Une charogne

U

Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,Ce beau matin d’été si doux :Au détour d’un sentier une charogne infâmeSur un lit semé de cailloux, Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,Brûlante et suant les poisons,Ouvrait d’une façon nonchalante et cyniqueSon ventre plein d’exhalaisons. Le soleil rayonnait sur cette pourriture,Comme afin de la cuire à...

Watteau

W

Au-dessus des grands bois profondsL’étoile du berger s’allume…Groupes sur l’herbe dans la brume…Pizzicati des violons…Entre les mains, les mains s’attardent,Le ciel où les amants regardentLaisse un reflet rose dans l’eau ;Et dans la clairière indécise,Que la nuit proche idéalise,Passe entre Estelle et CydaliseL’ombre amoureuse de Watteau. Watteau, peintre idéal de la fête...

A des âmes envolées

A

Ces âmes que tu rappelles,Mon coeur, ne reviennent pas.Pourquoi donc s’obstinent-elles,Hélas ! à rester là-bas ? Dans les sphères éclatantes,Dans l’azur et les rayons,Sont-elles donc plus contentesQu’avec nous qui les aimions ? Nous avions sous les tonnellesUne maison près Saint-Leu.Comme les fleurs étaient belles !Comme le ciel était bleu ! Parmi les feuilles tombées,Nous...

Au Cabaret Vert, cinq heures du soir

A

Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottinesAux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartinesDe beurre et du jambon qui fût à moitié froid. Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la tableVerte : je contemplai les sujets très naïfsDe la tapisserie. – Et ce fut adorable,Quand la fille aux tétons énormes, aux yeux vifs, – Celle-là, ce...