CategoryPaul Eluard

Dit de la force de l’amour

D

Entre tous mes tourments entre la mort et moiEntre mon désespoir et la raison de vivreIl y a l’injustice et ce malheur des hommesQue je ne peux admettre il y a ma colère Il y a les maquis couleur de sang d’EspagneIl y a les maquis couleur du ciel de GrèceLe pain le sang le ciel et le droit à l’espoirPour tous les innocents qui haïssent le mal La lumière toujours est tout près de s’éteindreLa vie...

La terre est bleue

L

Les fous et les amoursElle sa bouche d’allianceTous les secrets tous les souriresEt quels vêtements d’indulgenceÀ la croire toute nue.
Les guêpes fleurissent vertL’aube se passe autour du couUn collier de fenêtresDes ailes couvrent les feuillesTu as toutes les joies solairesTout le soleil sur la terreSur les chemins de ta beauté.
Paul Eluard

Voyage du silence

V

Voyage du silenceDe mes mains à tes yeuxEt dans tes cheveuxOù des filles d’osierS’adossent au soleilRemuent les lèvresEt laissent l’ombre à quatre feuillesGagner leur cœur chaud de sommeil.
Eluard, Paul, (1895-1952)

Dans Paris…

D

Dans Paris, il y a une rue,dans cette rue, il y a une maison,Dans cette maison, il y a un escalier,Dans cet escalier, il y  a une chambre,Dans cette chambre, il y a une table,Sur cette table, il y a un tapis,Sur ce tapis, il y a une cage ; Dans cette cage, il y a un nid,Dans ce nid, il y a un œuf,Dans cet œuf, il y a un oiseau. L’oiseau renversa l’œuf,L’œuf renversa le nid,Le nid renversa la...

Le front aux vitres

L

Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrinCiel dont j’ai dépassé la nuitPlaines toutes petites dans mes mains ouvertesDans leur double horizon inerte indifférentLe front aux vitres comme font les veilleurs de chagrinJe te cherche par delà l’attentePar delà moi mêmeEt je ne sais plus tant je t’aimeLequel de nous deux est absent. Paul ÉLUARD (1895 – 1952)Recueil : “L’Amour...

Air vif

A

(Derniers poèmes d’amour, 1963)
J’ai regardé devant moiDans la foule je t’ai vueParmi les blés je t’ai vueSous un arbre je t’ai vueAu bout de tous mes voyagesAu fond de tous mes tourmentsAu tournant de tous les riresSortant de l’eau et du feuL’été l’hiver je t’ai vueDans ma maison je t’ai vueEntre mes bras je t’ai vueDans mes rêves je t’ai vueJe ne te quitterai plus.
Paul Eluard
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Paul Eluard

Et un sourire

E

La nuit n’est jamais complèteIl y a toujours puisque je le disPuisque je l’affirmeAu bout du chagrin une fenêtre ouverteUne fenêtre éclairéeIl y a toujours un rêve qui veilleDésir à combler faim à satisfaireUn coeur généreuxUne main tendue une main ouverteDes yeux attentifsUne vie la vie à se partager.
Paul Eluard (1895-1952)– – –(in Le Phénix, éd. Seghers)

Air Vif

A

J’ai regardé devant moiDans la foule je t’ai vueParmi les blés je t’ai vueSous un arbre je t’ai vue Au bout de tous mes voyagesAu fond de tous mes tourmentsAu tournant de tous les riresSortant de l’eau et du feu L’été l’hiver je t’ai vueDans ma maison je t’ai vueEntre mes bras je t’ai vueDans mes rêves je t’ai vue Je ne te quitterai plus. Paul Eluard (1895 – 1952) Air Vif I looked in front of...

Même quand nous dormons

M

Même quand nous dormons nous veillons l’un sur l’autreEt cet amour plus lourd que le fruit mûr d’un lacSans rire et sans pleurer dure depuis toujoursUn jour après un jour une nuit après nous.

(Derniers Poèmes d’amour)

Paul Eluard 14 December (1895 –  1952)

Certitude

C

Si je te parle c’est pour mieux t’entendreSi je t’entends je suis sûr de te comprendre

Si tu souris c’est pour mieux m’envahirSi tu souris je vois le monde entier

Si je t’étreins c’est pour me continuerSi nous vivons tout sera à plaisir

Si je te quitte nous nous souviendronsEn te quittant nous nous retrouverons.

Paul Eluard