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LE PEUPLIER

L

Le temps est-il ce peuplierQue j’interroge à ma fenêtre ?comme moi, il a ses saisons,Ses songes renaissantD’une mémoire paysanne,mais sa durée est compromisePar les tempêtes enivréesQue lui réservent les automnes.A quelle altitude célestePortera-t-il le poids de ses années ? A mon réveil je le salue :Il me répondPar une danse dans le vent.Je lui propose un long voyageDans la campagne...

Mythomane

M

Il me parle faussement détachéd’angoisse et de bitume qui colleil tourne autour de son coudeux fois sa longue écharpe ses lunettes solaires réfléchissantesaveuglent son regard blancmême au plus clair du jouret il fait maintenant nuit pleine il lui faut un casque pour son blueset les néons gueulards de la ruene lui suffisent paspour saisir son tempo :il vit à contre-jouril respire à contretemps il...

La pluie

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Longue comme des fils sans fin, la longue pluieInterminablement, à travers le jour gris,Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,Infiniment, la pluie,La longue pluie,La pluie. Elle s’effile ainsi, depuis hier soir,Des haillons mous qui pendent,Au ciel maussade et noir.Elle s’étire, patiente et lente,Sur les chemins, depuis hier soir,Sur les chemins et les venelles,Continuelle...

Regime argonais?

R

Quelques Montignaciens, au cours d’une excursion,s’étant hâtés vers un ibère restaurant,se virent refuser, pour leur consommation,des paellas, quand le patron dit, se marrant:“Allez, le premier, là, l’gros, goûte le safran!”

( le Zappe )

Les Gisants

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Ils sont couchés, froids, dans la pierre, réunis pour mille ans, le coeur et la bouche et les mains calmes, inséparables à jamais.   Il se sont aimés nus, mais maintenant, quì’ils sont de marbre, leurs jambes ne se joindront plus. Pourtant, ils sont voués l’un à l’autre.   Ils savaient, au fort de la joie, que le beau feu s’éteint vite. Mais ils ont joué le noble...

La Soif

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À Émile Verhaeren. Les marins naufragés, debout sur leur radeauQue berce et qu’enveloppe un lugubre bruit d’eau,Cherchent à l’horizon l’aile blanche des voiles.Quand le calme renaît, quand brillent les étoilesComme des lampes d’or sur leur tombeau mouvant,Ils espèrent revoir le port au jour levant.Vain rêve : le temps calme est pis que les tempêtes ;Un soleil tropical tombe à pic sur leurs...

À Edmond L.

À

Edmond, te souvient-il de nos jeunes années,De ce temps encor proche et qui semble lointain,Où tous deux nous tenions nos têtes inclinées.Sur ces livres méchants de grec et de latin.. Mais voici qu’aujourd’hui tu prends un autre livre,Le livre le plus pur et le plus gracieux,Le livre de l’amour, dont rien ne désenivreEt qu’on lit sur la terre en se croyant aux cieux ! Avec la femme jeune et...

Le Poete Revisionniste

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C’était un grand poète il a une effigieDe douze mètres dix tout en bronze et en ferQue lui ont érigée ceux des chemins de ferCeux des mines et ceux de la sidérurgie C’était un grand poète il chantait l’énergieL’huile de bras de coude et celle dont se sertLe plus humble graisseur de nos chemins de ferEt il chantait aussi les p’tits gars d’Géorgie La force productive n’avait aucun secretPour lui...

Le Poete Brut

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Il écrivaitdes poèmes d’homme primairene faisait que fort peu de casde l’effort à fourniret rechignait sans patienceà toute peine Ses imagesne lui coûtaient que peu de voyagesils les avait toutesdepuis longtemps à portée de mainil lui suffisait de se baisser pour les glaneret les apprivoiser ensuitedans sa grande cage à mots “C’était un poète”a-t-on dit après sa mortet il en riait...

Lecture

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Tous ces livres lusl’un après l’autre dévoréspuis jetés pêle-mêleau pied du lit

Tous ces livresces histoires ces contes ces poèmestous ces livres oubliéset au bout du compte

la cécité

Jean Marie Flemal