ArchiveAugust 2013

MA CAMPAGNE

M

Comme’ pou eun’  lett’  eud jour de l’an Où qu’ no vèye eun’  bell’  découpure, Mâs fé d’ man mieux pou l’écriture Sans m’ crair’ d’emblèye un grand savant.   J’ai dans les yeux des paysâges Où ma campagn’ n’a point vieulli : Y’  a des caanchons dans ses taillis, Y’  a tout san coeur dans...

Rondeau amoureux

R

M’aimerez vous bien,Dictes, par vostre ame ?Mais que je vous aimePlus que nulle rien,M’aimerez vous bien ?
Dieu mit tant de bienEn vous que c’est basme,Pour ce je me clameVostre. Mais combienM’aimerez vous bien ?
Jean MESCHINOT (1420-1491)
MILLE ET CENT ANS DE POESIE FRANCAISEDe la séquence de sainte Eulalie à Jean Genet
Bernard DELVAILLE – Édition Robert Laffont

Un seul mot

U

Les paroles sont semblables aux abeilles,Possédant miel et venin.Tantôt un excès de saveur sans pareil,Tantôt, elles sont pires qu’un surin. Un seul mot peut te hisserVers l’apogée et la gloire.Tu connaitras les sommets,L’aisance et le pouvoir,Les portes s’ouvriront d’un trait,Des richesses à gogo vont pleuvoir. Un seul mot peut causer ta chute,Tu mordras la poussière.Tu perdras tout en une...

Soir d’été

S

Une tendre langueur s’étire dans l’espace ;Sens-tu monter vers toi l’odeur de l’herbe lasse ?Le vent mouillé du soir attriste le jardin ;L’eau frissonne et s’écaille aux vagues du bassinEt les choses ont l’air d’être toutes peureuses ;Une étrange saveur vient des tiges juteuses.Ta main retient la mienne, et pourtant tu sens bienQue le mal de mon...

A Marceline Desbordes Valmore

A

  L’amour, dont l’autre nom sur terre est la douleur,De ton sein fit jaillir une source écumante,Et ta voix était triste et ton âme charmante,Et de toi la pitié divine eût fait sa soeur. Ivresse ou désespoir, enthousiasme ou langueur,Tu jetais tes cris d’or à travers la tourmente ;Et les vers qui brûlaient sur ta bouche d’amanteFormaient leur rythme aux seuls battements de ton coeur...

L’OMBRE

L

Aux jours où la chaleur arrêtait toute vie,Quand le soleil, sur les labours exténués,Pressait contre son coeur le vignoble muet,-A l’heure où des faucheurs l’armée anéantieÉcrasait l’herbe sous des corps crucifiés,-Seul debout, en ces jours de feu et de poussière.En face de sommeil accablé de la terre,Assourdi par le cri des cigales sans nombre,Je cherchais votre coeur, comme je...

Les Aieules

L

                            A madame Judith Mendès A la fin de juillet les villages sont vides.Depuis longtemps déjà des nuages livides,Menaçant d’un prochain orage à l’occident,Conseillaient la récolte au laboureur prudent.Donc voici la moisson, et bientôt la vendange ;On aiguise les faux, on prépare la grange,Et tous les paysans, dès l’aube rassemblés,Joyeux vont à la fête opulente des blés.Or...