Latest Poems

LE REGARD

L

     Regard ardant, cruel meurtrier de l’ame,Et qui le corps retire de la lame,Portant l’enfer en son superbe trait,Et paradis en son plus doux attrait.      Regard posé d’un oeil demy ouvert,Orné d’esmail, d’esmail noir, blanc et verd,Dessous le sein d’une voille argentée,Rasserenant l’oeillade redoutée.      Regard aygu à la force asseuréeContre les...

Chanson de l’oiseleur – Chanson

C

L’oiseau qui vole si doucement L’oiseau rouge et tiède comme le sang L’oiseau si tendre l’oiseau moqueur L’oiseau qui soudain prend peur L’oiseau qui soudain se cogne L’oiseau qui voudrait s’enfuir L’oiseau seul et affolé L’oiseau qui voudrait vivre L’oiseau qui voudrait chanter L’oiseau qui voudrait crier L’oiseau...

Triolet – Quand Colette

T

Quand Colette Colet colieElle le prend par le colet.

Mais c’est trop grant mélancolie,Quand Colette Colet Colie.

Car ses deux bras à son col liePar le doux semblant de colet

Quand Colette Colet colie,Elle le prend par le colet.

Guillaume de Machaut (1300 ? – 1377)
 

Véronique

V

La maison était rose avec des volets bleus Je voyais dans la nuit les traits de ton visage L’aurore s’approchait, j’étais un peu nerveux, La lune se glissait dans un lac de nuages Et tes mains dessinaient un espace invisible Où je pouvais bouger et déployer mon corps Et je marchais vers toi, proche et inaccessible, Comme un agonisant qui rampe vers la mort. Soudain tout a changé...

Rondeau de la neige

R

Tombe la neige !Triste manège :Moucher, toussir,Prendre élixir,Au lit gésir.

Maint déplaisirMon mal rengrège.Tombe la neige.

Pardonnerai-je ?Ou hairai-je ?Je n’ai loisirDe rien choisir.Sur tout désirTombe la neige.

André Mary (1879-1962)– – –( in Rimes et bacchanales – 1935 )

le pélican

l

Le capitaine Jonathan, Étant âgé de dix-huit ans Capture un jour un pélican Dans une île d’Extrême-Orient. Le pélican de Jonathan, Au matin, pond un œuf tout blanc Et il en sort un pélican Lui ressemblant étonnamment. Et ce deuxième pélican Pond, à son tour, un œuf tout blanc D’où sort, inévitablement, Un autre qui en fait autant. Cela peut durer pendant très longtemps Si l’on...

Darkness and Light

D

To break out of the chaos of my darknessInto a lucid day is all my will.My words like eyes in night, stare to reachA centre for their light: and my acts thrownTo distant places by impatient violenceYet lock together to mould a path of stoneOut of my darkness into a lucid day.

Stephen Spender (1909–1995)– – –Extract from : The Still Centre, 1935

Y a-t’il?

Y

Y a-t’il un pays?Un pays où la mer chante une chanson sans paroles?Où les oiseaux volent comme une vague dans le ciel?Où le soleil brille même s’il pleut chaque jour?Mais avec un rhythme  plein d’amour? Y a-t-il une chanson?Une chanson qu’un homme  peut chanter?Une chanson avec une mélodie qui a des ailes?Y a-t’il un homme avec une voix qui m’appelle?Un appel à...

Ignorance

I

Je t’aime d’un amourque nulle intelligencene pourrait exprimer.Et si j’en dénombraistoutes les qualités,mon énumérationn’aurait jamais de fin.
Et la limite extrêmede ma plus grande science,consiste à reconnaîtreen cet amour profondqu’il me faut renoncerà comprendre le finmot de son existence (180)
Abou-Ishaq Al-Housri

Extrait du livre : La Poésie arabe des origines à nos jours Réné R. Khawa

La servante au grand coeur

L

La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse, Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres, Son vent mélancolique à l’entour de leurs marbres, Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats, A dormir, comme ils font...