Si les larmes servoient de remede au malheur, Et le pleurer pouvoit la tristesse arrester, On devroit (Seigneur mien) les larmes acheter, Et ne se trouveroit rien si cher que le pleur. Mais les pleurs en effect sont de nulle valeur : Car soit qu’on ne se veuille en pleurant…
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Dans Paris, il y a une rue,dans cette rue, il y a une maison,Dans cette maison, il y a un escalier,Dans cet escalier, il y a une chambre,Dans cette chambre, il y a une table,Sur cette table, il y a un tapis,Sur ce tapis, il y a une cage ;…
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Trognes ingrates et divinesFrottées durant des mois contre ma vieMuseaux mutins, mufles doux de cabrisVampires aux ruses câlinesVous lampez mes artères et mon grand sympathiqueGavez-vous, et moi, le soir, inerteAphone et euphorique la lumière vertede vos regardsle bruit d’océans et de foiredes pieds boueux qui marchent sur ma têtedes cris…
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J’ai besoin de ne plus me voir et d’oublierDe parler à des gens que je ne connais pasDe crier sans être entenduPour rien tout seulJe connais tout le monde et chacun de vos pasJe voudrais raconter et personne n’écouteLes têtes et les yeux se détournent de moiVers la nuitMa tête…
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Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avait déclose Sa robe de pourpre au soleil, A point perdu cette vêprée, Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vôtre pareil. Las ! Voyez comme en peu d’espace, Mignonne, elle a dessus la place, Las, las !…
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Que me veux-tu, chère fleurette,Aimable et charmant souvenir ?Demi-morte et demi-coquette,Jusqu’à moi qui te fait venir ? Sous ce cachet enveloppée,Tu viens de faire un long chemin.Qu’as-tu vu ? que t’a dit la mainQui sur le buisson t’a coupée ? N’es-tu qu’une herbe desséchéeQui vient achever de mourir ?Ou ton…
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Les maux ne savent seuls venir;Tout ce qui m’était à venirM’est advenu.Que sont mes amis devenusQue j’avais de si près tenusEt tant aimés ?Je crois qu’ils sont trop clairsemésIls ne furent pas bien semésIls m’ont failli.De tels amis m’ont bien trahiLorsque Dieu m’a assailliDe tous côtés.N’en vit un seul en…
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Rappelez-vous l’objet que nous vîmes, mon âme,Ce beau matin d’été si doux :Au détour d’un sentier une charogne infâmeSur un lit semé de cailloux, Les jambes en l’air, comme une femme lubrique,Brûlante et suant les poisons,Ouvrait d’une façon nonchalante et cyniqueSon ventre plein d’exhalaisons. Le soleil rayonnait sur cette pourriture,Comme…
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Au-dessus des grands bois profondsLétoile du berger sallume…Groupes sur lherbe dans la brume…Pizzicati des violons…Entre les mains, les mains sattardent,Le ciel où les amants regardentLaisse un reflet rose dans leau ;Et dans la clairière indécise,Que la nuit proche idéalise,Passe entre Estelle et CydaliseLombre amoureuse de Watteau. Watteau, peintre idéal de…
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Ces âmes que tu rappelles,Mon coeur, ne reviennent pas.Pourquoi donc s’obstinent-elles,Hélas ! à rester là-bas ? Dans les sphères éclatantes,Dans l’azur et les rayons,Sont-elles donc plus contentesQu’avec nous qui les aimions ? Nous avions sous les tonnellesUne maison près Saint-Leu.Comme les fleurs étaient belles !Comme le ciel était bleu !…
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Depuis huit jours, j’avais déchiré mes bottinesAux cailloux des chemins. J’entrais à Charleroi.– Au Cabaret-Vert : je demandai des tartinesDe beurre et du jambon qui fût à moitié froid. Bienheureux, j’allongeai les jambes sous la tableVerte : je contemplai les sujets très naïfsDe la tapisserie. – Et ce fut adorable,Quand…