• Charles Guérin

    La pensée est une eau sans cesse jaillissante

    La pensée est une eau sans cesse jaillissante.Elle surgit d’un jet puissant du coeur des mots,Retombe, s’éparpille en perles, jase, chante,Forme une aile neigeuse ou de neigeux rameaux,Se rompt, sursaute, imite un saule au clair de lune,S’écroule, décroît, cesse. Elle est soeur d’ArielEt ceint l’écharpe aux tons changeants de la…

  • Marceline DESBORDES-VALMORE

    Loin du monde

    Entrez, mes souvenirs, ouvrez ma solitude !Le monde m’a troublée ; elle aussi me fait peur.Que d’orages encore et que d’inquiétudeAvant que son silence assoupisse mon coeur ! Je suis comme l’enfant qui cherche après sa mère,Qui crie, et qui s’arrête effrayé de sa voix.J’ai de plus que l’enfant une…

  • Charles Guérin

    Requiem d’automne

    Tout ce que le monde m’offre ici-bas pour me consoler me pèse. Imitation de Jésus-Christ. L’automne fait gronder ses grandes orgues grises Et célèbre le deuil des soleils révolus, L’avare automne entasse aux rebords des talus Les vols de feuilles d’or que flagelle la bise. Stérile et glacial reliquaire où…

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    Je l’appelle Jerry

    J’ignore pourquoi j’ai sympathisé avec luiIl ne ressemble pas à ce que l’on retrouvedans les dessins animés gris de l’enfance.Les rayons de la lune lampadairelui éclaira comme une idole noir et doré.Peut-être c’était ces yeux vert-marbrésqui me sondaient à travers son abyme. Il ne ressemblait à aucun d’autre.Ne m’a jamais…

  • Marceline DESBORDES-VALMORE

    Pourquoi ?

    Quand vous suiviez ma trace,J’allais avoir quinze ans,Puis la fleur, puis la grâce,Puis le feu du printemps. J’étais blonde et plianteComme l’épi mouvant,Et surtout moins savanteQue le plus jeune enfant. J’avais ma douce mère,Me guidant au chemin,Attentive et sévèreQuand vous cherchiez ma main. C’est beau la jeune filleQui laisse aller…

  • Charles Guérin

    Encore un peu ta bouche en pleurs…

    Encore un peu ta bouche en pleurs, encore un peuTes mains contre mon coeur et ta voix triste et basse ;Demeure ainsi longtemps, délicieuse et lasse,Auprès de moi, ma pauvre enfant, ce soir d’adieu. Les formes du jardin se fondent dans l’air bleu,Le vent propage en l’étouffant l’aveu qui passe…

  • Charles Guérin

    Le lait des chats

    Les chats trempent leur langue roseAu bord des soucoupes de lait ;Les yeux fixés sur le soufflet,Le chien bâille en songeant, morose. Et tandis qu’il songe et reposePrès de la flamme au chaud reflet,Les chats trempent leur langue roseAu bord des soucoupes de lait. Dans le salon, seul le feu…

  • Max ELSKAMP

    Et je m’en reviens de mer

    Et je m’en reviens de mer,Pauvre pêcheur,Maintenant et à l’heureDe ce dimanche,Ainsi soit-il. Et je m’en reviens de l’eauLes rames hautSonnant comme des heuresAu beau dimanche,Ainsi soit-il. La voile a coulé dans l’eau,Mon beau bateau,Maintenant sonne l’heureD’un beau dimanche,Ainsi soit-il. Or la voile, l’aient les tailleurs,Aussi la mer,Alors que sonne…

  • Charles Guérin

    Ton coeur est fatigué des voyages…

    Ton coeur est fatigué des voyages ? Tu cherchesPour asile un toit bas et de chaume couvert,Un verger frais baigné d’un crépuscule vertOù du linge gonflé de vent pende à des perches ? Alors ne va pas plus avant : Voici l’enclos.Cette porte d’osier qui repousse des feuilles,Ouvre-la, s’il est…

  • Théodore de Banville

    L’Automne

    Sois le bienvenu, rouge Automne,Accours dans ton riche appareil,Embrase le coteau vermeilQue la vigne pare et festonne.Père, tu rempliras la tonneQui nous verse le doux sommeil ;Sois le bienvenu, rouge Automne,Accours dans ton riche appareil.Déjà la Nymphe qui s’étonne,Blanche de la nuque à l’orteil,Rit aux chants ivres de soleilQue le…

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    Death

    Death! that struck when I was most confidingIn my certain faith of joy to be –Strike again, Time’s withered branch dividingFrom the fresh root of Eternity! Leaves, upon Time’s branch, were growing brightly,Full of sap, and full of silver dew;Birds beneath its shelter gathered nightly;Daily round its flowers the wild…