• Marceline DESBORDES-VALMORE

    La sincère

    Veux-tu l’acheter ? Mon coeur est à vendre. Veux-tu l’acheter, Sans nous disputer ? Dieu l’a fait d’aimant ; Tu le feras tendre ; Dieu l’a fait d’aimant Pour un seul amant ! Moi, j’en fais le prix ; Veux-tu le connaître ? Moi, j’en fais le prix ; N’en…

  • Marceline DESBORDES-VALMORE

    Solitude

    Abîme à franchir seule, où personne, oh ! Personne Ne touchera ma main froide à tous après toi ; Seulement à ma porte, où quelquefois Dieu sonne, Le pauvre verra, lui, que je suis encor moi, Si je vis ! Puis, un soir, ton essor plus paisible S’abattra sur mon…

  • Marceline DESBORDES-VALMORE

    Un cri

    Hirondelle ! hirondelle ! hirondelle ! Est-il au monde un coeur fidèle ? Ah ! s’il en est un, dis-le moi, J’irai le chercher avec toi. Sous le soleil ou le nuage, Guidée à ton vol qui fend l’air, Je te suivrai dans le voyage Rapide et haut comme l’éclair.…

  • Marceline DESBORDES-VALMORE

    Regret

    Des roses de Lormont la rose la plus belle, Georgina, près des flots nous souriait un soir : L’orage, dans la nuit, la toucha de son aile, Et l’Aurore passa triste, sans la revoir ! Pure comme une fleur, de sa fragile vie Elle n’a respiré que les plus beaux…

  • Marceline DESBORDES-VALMORE

    Point d’adieu

    Jeunesse, adieu ! Car j’ai beau faire, J’ai beau t’étreindre et te presser, J’ai beau gémir et t’embrasser, Nous fuyons en pays contraire. Ton souffle tiède est si charmant ! On est si beau sous ta couronne ! Tiens ! Ce baiser que je te donne, Laisse-le durer un moment.…

  • Marceline DESBORDES-VALMORE

    Un moment

    Un moment suffira pour payer une année ; Le regret plus longtemps ne peut nourrir mon sort. Quoi ! L’amour n’a-t-il pas une heure fortunée Pour celle dont, peut-être, il avance la mort ? Une heure, une heure, amour ! Une heure sans alarmes, Avec lui, loin du monde !…

  • Marceline DESBORDES-VALMORE

    Rêve d’une femme

    Veux-tu recommencer la vie ? Femme, dont le front va pâlir, Veux-tu l’enfance, encor suivie D’anges enfants pour l’embellir ? Veux-tu les baisers de ta mère Echauffant tes jours au berceau ? – “Quoi ? mon doux Eden éphémère ? Oh ! oui, mon Dieu ! c’était si beau !”…

  • Marceline DESBORDES-VALMORE

    Sans l’oublier

    Sans l’oublier, on peut fuir ce qu’on aime. On peut bannir son nom de ses discours, Et, de l’absence implorant le secours, Se dérober à ce maître suprême, Sans l’oublier ! Sans l’oublier, j’ai vu l’eau, dans sa course, Porter au loin la vie à d’autres fleurs ; Fuyant alors…