• Alphonse BEAUREGARD

    L’arbre mort

    Je connais, au fond d’une anse Où sa maigre forme danse, Un érable mort, Mort nous raconte une histoire De s’être penché pour boire L’eau claire du bord. A le voir nu comme un marbre, L’été, parmi d’autres arbres Verts et vigoureux, On dirait que la nature L’a laissé sans…

  • Alphonse BEAUREGARD

    Désir simple

    Jeunes filles qui brodez En suivant des songeries, Seules sur vos galeries, Ou qui dehors regardez, Comme des oiseaux en cage, Si j’en avais le courage Vers l’une de vous j’irais – Dieu sait encore laquelle, La plus triste ou la plus belle – Et d’un ton simple dirais :…

  • Alphonse BEAUREGARD

    Sonnet impressionniste

    Quelle âme revêtir dans cette forêt vierge Qui va, grimpant les monts, au ciel donner assaut, Où la terre a gardé l’empreinte d’un sursaut Par quoi, depuis des temps fabuleux, elle émerge. Arrière fatuité, loin de moi rire sot Que l’on promène au bal, dans la rue ou l’auberge. Comme…

  • Alphonse BEAUREGARD

    Gratitude

    J’ai dit à la forêt haute et pleine d’orgueil : ” Tuer, seul me déride ; J’irai dans tes abris dépister le chevreuil Et le lièvre timide. ” Lors la forêt m’offrit, pour mon repos du soir, Un lit d’herbe et de mousse Où la lune envoyait, entre les rameaux…

  • Philippe Desportes

    Autour des corps, qu’une mort avancée

    Autour des corps, qu’une mort avancée Par violance a privez d’un beau jour, Les ombres vont, et font maint et maint tour, Aimans encor leur dépoüille laissée. Au lieu cruel, où j’eu l’ame blessée Et fu meurtri par les flèches d’Amour, J’erre, je tourne et retourne à l’entour, Ombre maudite,…

  • Alphonse BEAUREGARD

    Le passé

    Telle qu’une vapeur s’épaississant toujours, La nuit grave s’étend sur les îles boisées ; Les plus belles au loin, déjà semblent rasées Et les rives n’ont plus que de fuyants contours. A mes pieds, le vent d’est chassant l’onde à rebours, Courbe les joncs comme autant d’âmes angoissées. – Veux-tu…

  • Philippe Desportes

    De mes ans la fleur se déteint

    De mes ans la fleur se déteint, J’ai l’oeil cave et pâle le teint, Ma prunelle est toute éblouie, De gris-blanc ma tête se peint, Et n’ai plus si bonne l’ouïe. Ma vigueur peu à peu se fond, Maint sillon replisse mon front, Le sang ne bout plus dans mes…

  • Philippe Desportes

    Rosette, pour un peu d’absence

    Rosette, pour un peu d’absence, Votre coeur vous avez changé, Et moi, sachant cette inconstance, Le mien autre part j’ai rangé : Jamais plus, beauté si légère Sur moi tant de pouvoir n’aura Nous verrons, volage bergère, Qui premier s’en repentira. Tandis qu’en pleurs je me consume, Maudissant cet éloignement,…