Tout est affaire de décor Changer de lit changer de corps À quoi bon puisque c’est encore Moi qui moi-même me trahis Moi qui me traîne et m’éparpille Et mon ombre se déshabille Dans les bras semblables des filles Où j’ai cru trouver un pays. Cœur léger cœur changeant cœur…
-
-
Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce Il n’y a pas…
-
De l’époux bien-aimé n’entends-je pas la voix ? Oui, pareil au chevreuil, le voici, je le vois. Il reparaît joyeux sur le haut des montagnes, Bondit sur la colline et passe les campagnes. Ô fortifiez-moi ! mêlez des fruits aux fleurs ! Car je languis d’amour et j’ai versé des…
-
Dis-moi la main qui t’enlève, Ô mon âme, et dans un rêve Te montre la vérité ! D’où vient qu’un songe m’emporte Jusques au seuil de la porte Qu’entr’ouvre l’Éternité C’est ici que l’homme arrive ; Oui, je reconnais la rive Jusqu’où le rocher dérive Roulé dans le flot des…
-
« Prends ma main. Voyageur, et montons sur la tour. — Regarde tout en bas, et regarde à l’entour. Regarde jusqu’au bout de l’horizon, regarde Du nord au sud. Partout où ton oeil se hasarde, Qu’il s’attache avec feu, comme l’oeil du serpent Qui pompe du regard ce qu’il suit…
-
C’était une des nuits qui des feux de l’Espagne Par des froids bienfaisants consolent la campagne : L’ombre était transparente, et le lac argenté Brillait à l’horizon sous un voile enchanté ; Une lune immobile éclairait les vallées, Où des citronniers verte serpentent les allées ; Des milliers de soleil,…
-
Suivi du Suicide impie, A travers les pâles cités, Le Malheur rôde, il nous épie, Prés de nos seuils épouvantés. Alors il demande sa proie ; La jeunesse, au sein de la joie, L’entend, soupire et se flétrit ; Comme au temps où la feuille tombe, Le vieillard descend dans…
-
La harpe tremble encore et la flûte soupire, Car la Walse bondit dans son sphérique empire ; Des couples passagers éblouissent les yeux, Volent entrelacés en cercle gracieux, Suspendent des repos balancés en mesure, Aux reflets d’une glace admirent leur parure, Repartent ; puis, troublés par leur groupe riant, Dans…
-
Boulogne, où nous nous querellâmes Aux pleurs d’un soir trop chaud Dans la boue ; et toi, le pied haut, Foulant aussi nos âmes. La nuit fut ; ni, rentrés chez moi, Tes fureurs plus de mise. Ah ! de te voir nue en chemise, Quel devint mon émoi !…
-
Voix de l’Orgueil : un cri puissant comme d’un cor, Des étoiles de sang sur des cuirasses d’or. On trébuche à travers des chaleurs d’incendie… Mais en somme la voix s’en va, comme d’un cor. Voix de la Haine : cloche en mer, fausse, assourdie De neige lente. Il fait…
-
Un grand sommeil noir Tombe sur ma vie : Dormez, tout espoir, Dormez, toute envie ! Je ne vois plus rien, Je perds la mémoire Du mal et du bien… O la triste histoire ! Je suis un berceau Qu’une main balance Au creux d’un caveau : Silence, silence !…