Èlégie Nouvelle

È

Murilo Mendes (1901 – 1975)

L’horizont revient au galop
Courbé sous un manteau d’épines.
Il fait nuit : on a mal.

Cette ville irregulière, accablée,
Roseraies de peaux d’hommes étendues,
Tours de supplices.
Champs semés de mitrailleuses,
O le rendement de l’abîme..

La mer perd ses feuilles,
La croix engendre des milliers de croix
Et les arbres sont en deuil vert.

Je me sens seul dans l’épouvante du temps
Et j’essaie de déchiffrer
La machinerie immobile des montagnes.

Nul n’existe, tous existent.

Et ces morts du Brésil, de la Chine, d’Angleterre
Étendus sur mon cœur …

(Tambours de l’éternité,
Substance de l’éspérance,
O vie tranchée
Entre deux gorgées de délire).

Mort, appétit de résurrection, grande insomnie.

(Traduit du portugais par Dominique Braga)

UN DEMI SIECLE DE POESIE Copyright 1954 by « La Maison du Poète » Dilbeek.

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By poesiedumonde