J’ai presque peur, en vérité, Tant je sens ma vie enlacée A la radieuse pensée Qui m’a pris l’âme l’autre été, Tant votre image, à jamais chère, Habite en ce coeur tout à vous, Mon coeur uniquement jaloux De vous aimer et de vous plaire ; Et je tremble, pardonnez-moi…
-
-
A grands plis sombres une ample tapisserie De haute lice, avec emphase descendrait Le long des quatre murs immenses d’un retrait Mystérieux où l’ombre au luxe se marie. Les meubles vieux, d’étoffe éclatante flétrie, Le lit entr’aperçu vague comme un regret, Tout aurait l’attitude et l’âge du secret, Et l’esprit…
-
Les caresses des yeux sont les plus adorables ; Elles apportent l’âme aux limites de l’être, Et livrent des secrets autrement ineffables, Dans lesquels seul le fond du coeur peut apparaître. Les baisers les plus purs sont grossiers auprès d’elles ; Leur langage est plus fort que toutes les paroles…
-
Sur tes riches tapis, sur ton divan qui laisse Au milieu des parfums respirer la mollesse, En ce voluptueux séjour, Où loin de tous les yeux, loin des bruits de la terre, Les voiles enlacés semblent, pour un mystère, Eteindre les rayons du jour, Ne t’enorgueillis pas, courtisane rieuse, Si,…
-
Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant Cent amoureux sonnets donnés pour mon martyre, Si peu de mes langueurs qu’il m’est permis d’écrire Soupirant un Hécate, et mon mal gémissant. Pour ces justes raisons, j’ai observé les cent : A moins de cent taureaux on ne fait cesser…
-
Voici la mort du ciel en l’effort douloureux Qui lui noircit la bouche et fait saigner les yeux. Le ciel gémit d’ahan, tous ses nerfs se retirent, Ses poumons près à près sans relâche respirent. Le soleil vêt de noir le bel or de ses feux, Le bel oeil de…
-
Mes volages humeurs, plus stériles que belles, S’en vont, et je leur dis : ” Vous sentez, hirondelles, S’éloigner la chaleur et le froid arriver. Allez nicher ailleurs pour ne fâcher, impures, Ma couche de babil et ma table d’ordures ; Laissez dormir en paix la nuit de mon hiver.…
-
Je sens bannir ma peur et le mal que j’endure, Couché au doux abri d’un myrte et d’un cyprès, Qui de leurs verts rameaux s’accolant près à près Encourtinent la fleur qui mon chevet azure ! Oyant virer au fil d’un musicien murmure Milles nymphes d’argent, qui de leurs flots…
-
Autour des corps, qu’une mort avancée Par violance a privez d’un beau jour, Les ombres vont, et font maint et maint tour, Aimans encor leur dépoüille laissée. Au lieu cruel, où j’eu l’ame blessée Et fu meurtri par les flèches d’Amour, J’erre, je tourne et retourne à l’entour, Ombre maudite,…
-
De mes ans la fleur se déteint, J’ai l’oeil cave et pâle le teint, Ma prunelle est toute éblouie, De gris-blanc ma tête se peint, Et n’ai plus si bonne l’ouïe. Ma vigueur peu à peu se fond, Maint sillon replisse mon front, Le sang ne bout plus dans mes…
-
Elle pleurait, toute pâle de crainte, Lors que la Mort sa moitié menaçait, Et tellement l’air de cris remplissait Que la Mort même à pleurer eut contrainte. Hélas ! mon Dieu, que sa grâce était sainte ! Que beau son teint, qui les lys effaçait ! Le trait d’Amour cependant…