• Uncategorized

    Fantaisie

      Il est un air pour qui je donneraisTout Rossini, tout Mozart et tout Weber,Un air très-vieux, languissant et funèbre,Qui pour moi seul a des charmes secrets. Or, chaque fois que je viens à l’entendre,De deux cents ans mon âme rajeunit :C’est sous Louis treize; et je crois voir s’étendreUn…

  • Uncategorized

    Feuilles mortes

    La terre engloutit tout comme un ogre infernal,Regarde cette boue que Novembre pétrit :Le vent y a traîné, dans sa ronde automnale,Des montagnes de fleurs et de feuilles flétries. On dirait que le beau, dont le printemps s’emballe,Explosion d’Espérance et profusion de Vie,Ne naît que pour nourrir l’immense trou de…

  • Jean-Jacques Rousseau

      J’étais parti, triste de mes peines et consolé de votre joie ; ce qui me tenait dans un certain état de langueur qui n’est pas sans charme pour un coeur sensible. Je gravissais lentement et à pied des sentiers assez rudes, conduit par un homme que j’avais pris pour…

  • Alfred de VIGNY

    Le malheur

    Suivi du Suicide impie,A travers les pâles cités,Le Malheur rôde, il nous épie,Prés de nos seuils épouvantés.Alors il demande sa proie ;La jeunesse, au sein de la joie,L’entend, soupire et se flétrit ;Comme au temps où la feuille tombe,Le vieillard descend dans la tombe,Privé du feu qui le nourrit. Où…

  • Stéphane Mallarmé

    Remémoration d’amis belges

    À des heures et sans que tel souffle l’émeuveToute la vétusté presque couleur encensComme furtive d’elle et visible je sensQue se dévêt pli selon pli la pierre veuve Flotte ou semble par soi n’apporter une preuveSinon d’épandre pour baume antique le tempsNous immémoriaux quelques-uns si contentsSur la soudaineté de notre…

  • Amédée Pigeon

    Fleurs flanées

    Ce matin, triste et seule,quand j’ai rouvert mon livreIl était plein de fleurs et de plumes d’oiseaux;Rappelez-vous nos jeux parmi les grands roseaux,Et le temps où deux mots de vous me faisaient vivre. Près de l’étang fleuri vous me laissiez vous suivre,Nous prenions pour signets les feuilles de bouleaux,Et nous…

  • Alfred de Musset

    Madrid

    Madrid, princesse des Espagnes,Il court par tes mille campagnesBien des yeux bleus, bien des yeux noirs.La blanche ville aux sérénades,Il passe par tes promenadesBien des petits pieds tous les soirs. Madrid, quand tes taureaux bondissent,Bien des mains blanches applaudissent,Bien des écharpes sont en jeux.Par tes belles nuits étoilées,Bien des senoras…

  • Georges Bataille

    Je rêvais de toucher

    Je rêvais de toucher la tristesse du mondeau bord désenchanté d’un étrange maraisje rêvais d’une eau lourde où je retrouveraisles chemins égarés de ta bouche profonde j’ai senti dans mes mains un animal immondeéchappé à la nuit d’une affreuse forêtet je vis que c’était le mal dont tu mouraisque j’appelle…

  • Alfred de Musset

    Adieu !

    Adieu ! je crois qu’en cette vieJe ne te reverrai jamais.Dieu passe, il t’appelle et m’oublie ;En te perdant je sens que je t’aimais. Pas de pleurs, pas de plainte vaine.Je sais respecter l’avenir.Vienne la voile qui t’emmène,En souriant je la verrai partir. Tu t’en vas pleine d’espérance,Avec orgueil tu…

  • Albert Samain

    Paysages

    L’air est trois fois léger. Sous le ciel trois fois pur,Le vieux bourg qui s’effrite en ses noires muraillesCe clair matin d’hiver sourit sous ses pierraillesÀ ses monts familiers qui rêvent dans l’azur… Une dalle encastrée, en son latin obscur,Parle après deux mille ans d’antiques funérailles.César passait ici pour gagner…

  • Georges de Scudéry

    L’Esté

    Environné de feux, et couvert de lumiere,Tu sorts de l’Ocean, Astre de l’Univers ;Et des premiers rayons, de ta clarté premiere,Tu m’echauffes l’esprit, et m’inspires ces Vers. Tu brilles de splendeur ; tu brusles toutes choses ;Les Vallons les plus frais, en vain t’ont resisté :Tu fais languir les Lis…