Après avoir souffert, après avoir vécu,Tranquille, et du néant de l’homme convaincu,Tu dis je ne sais rien ! — Et je te félicite,Ô lutteur, ô penseur, de cette réussite. Maintenant, sans regret, sans désir, humblement,Bienveillant pour la nuit et pour l’aveuglement,Tu médites, vibrant au vent comme une lyre ;Tu savoures…
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Vous demandez si l’amour rend heureuse;Il le promet, croyez-le, fût-ce un jour.Ah! pour un jour d’existence amoureuse,Qui ne mourrait? la vie est dans l’amour. Quand je vivais tendre et craintive amante,Avec ses feux je peignais ses douleurs:Sur son portrait j’ai versé tant de pleurs,Que cette image en paraît moins charmante.…
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Les sanglots longsDes violonsDe l’automneBlessent mon coeurD’une langueurMonotone. Tout suffocantEt blême, quandSonne l’heure,Je me souviensDes jours anciensEt je pleure Et je m’en vaisAu vent mauvaisQui m’emporteDeçà, delà,Pareil à laFeuille morte. Paul VERLAINE (1844-1896)November Afternoon, Stapleton ParkJohn Atkinson Grimshaw (1836- 1893)
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Oh ! Paris est la cité mère ! Paris est le lieu solennelOù le tourbillon éphémère Tourne sur un centre éternel ! Paris ! feu sombre ou pure étoile ! Morne Isis couverte d’un voile ! Araignée à l’immense toile Où se prennent les nations ! Fontaine d’urnes obsédée !…
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Voyage du silenceDe mes mains à tes yeuxEt dans tes cheveuxOù des filles d’osierS’adossent au soleilRemuent les lèvresEt laissent l’ombre à quatre feuillesGagner leur cœur chaud de sommeil. Eluard, Paul, (1895-1952)
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Loisir et libertéC’est bien son seul désir ;Ce serait un plaisirPour traiter vérité.L’esprit inquiétéNe se fait que moisir ;Loisir et Liberté,S’ils viennent cet été,Liberté et loisir,Ils pourront la saisirA perpétuité,Loisir et liberté. Bonaventure Des Périers ( v1510-v1543 )– – –source : “La Poésie du passé, du douzième au dix-huitième sièclePremière…
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Dedens mon livre de pensée,J’ay trouvé escripvant mon cueurLa vraye histoire de doleur,De lermes toute enluminée,En deffassent la très améeYmage de plaisant doulceur,Dedens mon livre de pensée,J’ay trouvé escripvant mon cueur Helas ! où l’a mon cueur trouvée ?Les grosses goutes de sueurLui saillent, de peine et labeurQu’il y prent,…
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Si les larmes servoient de remede au malheur, Et le pleurer pouvoit la tristesse arrester, On devroit (Seigneur mien) les larmes acheter, Et ne se trouveroit rien si cher que le pleur. Mais les pleurs en effect sont de nulle valeur : Car soit qu’on ne se veuille en pleurant…
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Dans Paris, il y a une rue,dans cette rue, il y a une maison,Dans cette maison, il y a un escalier,Dans cet escalier, il y a une chambre,Dans cette chambre, il y a une table,Sur cette table, il y a un tapis,Sur ce tapis, il y a une cage ;…
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Trognes ingrates et divinesFrottées durant des mois contre ma vieMuseaux mutins, mufles doux de cabrisVampires aux ruses câlinesVous lampez mes artères et mon grand sympathiqueGavez-vous, et moi, le soir, inerteAphone et euphorique la lumière vertede vos regardsle bruit d’océans et de foiredes pieds boueux qui marchent sur ma têtedes cris…
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J’ai besoin de ne plus me voir et d’oublierDe parler à des gens que je ne connais pasDe crier sans être entenduPour rien tout seulJe connais tout le monde et chacun de vos pasJe voudrais raconter et personne n’écouteLes têtes et les yeux se détournent de moiVers la nuitMa tête…