J’avais toujours rêvé le bonheur en ménage,Comme un port où le cœur, trop longtemps agité,Vient trouver, à la fin d’un long pèlerinage,Un dernier jour de calme et de sérénité. Une femme modeste, à peu près de mon âgeEt deux petits enfants jouant à son côté ;Un cercle peu nombreux d’amis…
-
-
Tu as redessiné ma vieAux couleurs de ton arc en ciel… Rouge, tes lèvres purpurines,Ton sourire qui m’émerveille ;Orange, au couchant, ton soleilDans la douce brise marine ;Jaune d’or, l’éclat de tes yeuxQue tes rêves secrets mordorent ;Verte, la mousse où tu t’endorsDans le sous-bois privé des dieux ;Bleus, l’océan…
-
Je suis la confidente et la compagne douceQui jamais ne refuse et jamais ne repousse;Mon amour est un lac calme et silencieux,Discret comme les bois et pur comme les cieux,Dont les bords sont remplis de parfums, dont les ondesBercent des baisers bleus et des caresses blondes.Oh! viens, poète aimé, te…
-
Ecrits après une visite au Cimetière du Père-Lachaise Je suivais, tout pensif et sombre, ces allées Que bordent de milliers de tristes mausolées, Rêvant l’éternité dont la tombe est le seuil ; Je voyais la nature elle-même être en deuil : Les feuilles des rameaux, par le froid détachées, Voltigeaient…
-
À Madame M…. Quand la rose s’entr’ouvre, heureuse d’être belle,De son premier regard elle enchante autour d’elleEt le bosquet natal et les airs et le jour.Dès l’aube elle sourit. La brise avec amourSur le buisson la berce, et sa jeune aile erranteSe charge en là touchant d’une odeur enivrante ;Confiante,…
-
Vous êtes calme, vous voulez un voeu discret,Des secrets à mi-voix dans l’ombre et le silence,Le coeur qui se répand plutôt qu’il ne s’élance,Et ces timides, moins transis qu’il ne paraît. Vous accueillez d’un geste exquis telles penséesQui ne marchent qu’en ordre et font le moins de bruit.Votre main, toujours…
-
Apologue Las des fleurs, épuisé de ses longues amours,Un papillon dans sa vieillesse(Il avait du printemps goûté les plus beaux jours)Voyait d’un oeil chagrin la tendre hardiesseDes amants nouveau-nés, dont le rapide essorEffleurait les boutons qu’humectait la rosée.Soulevant un matin le débile ressortDe son aile à demi-brisée : ” Tout…
-
A Mlle N*** Je connais un petit angeLequel n’a jamais mouilléSa blanche robe à la fangeDont notre monde est souillé. C’est lui qui donne le changeAu pauvre coeur dépouilléQue l’amour, vautour étrange,D’un bec cruel a fouillé. Cet ange, qui vous ressemble,Sous son aile nous rassembleC’est la divine Amitié. Son regard…
-
Souvent, le front posé sur tes genoux, je pleure,Plus faible que ton coeur amoureux, faible femme,Et ma main qui frémit en recevant tes larmesSe dérobe aux baisers de feu dont tu l’effleures. ” Mais, dis-tu, cher petit enfant, tu m’inquiètes ;J’ai peur obscurément de cette peine étrange :Quel incurable rêve…
-
Le vent est doux comme une main de femme,Le vent du soir qui coule dans mes doigts ;L’oiseau bleu s’envole et voile sa voix,Les lys royaux s’effeuillent dans mon âme ; Au clavecin s’alanguissent les gammes,Le soleil est triste et les coeurs sont froids ;Le vent est doux comme une…
-
Les ajoncs éclatants, parure du granit,Dorent l’âpre sommet que le couchant allume ;Au loin, brillante encor par sa barre d’écume,La mer sans fin commence où la terre finit. A mes pieds c’est la nuit, le silence. Le nidSe tait, l’homme est rentré sous le chaume qui fume.Seul, l’Angélus du soir,…