Je n’ai plus très envie D’écrire des pohésies Si c’était comme avant J’en fairais plus souvent Mais je me sens bien vieux Je me sens bien sérieux Je me sens bien consciencieux Je me sens paressieux Boris Vian (1920-1959) (in 101 poèmes 101 poètes, éd. Lire c’est partir, 2003)
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On dérange sa journée avec une photo qu’on retrouve. Le cliquetis rouillé des années se remet en marche. D’un visage, l’imagination dresse une vie comme quelques mots frottés les uns aux autres allument l’incendie du verbe. Avec une photo, on creuse une ride de plus au temps. Michel Monnereau (in…
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Le vent rêve de faire lui aussi l’éole buissonnier. De ne plus gifler les arbres qui ne lui ont rien fait. De ne plus rider l’eau des mares déjà si vieilles. De ne plus décoiffer les enfants de l’école. De ne plus écorner les quelques bœufs qui restent. Le vent…
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Le meilleur moment des amours N’est pas quand on a dit : « Je t’aime. » Il est dans le silence même À demi rompu tous les jours ; Il est dans les intelligences Promptes et furtives des coeurs ; Il est dans les feintes rigueurs Et les secrètes indulgences…
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Maître corbeau, sur un arbre perché, Tenait en son bec un fromage. Maître renard, par l’odeur alléché, Lui tint à peu près ce langage : « Hé ! bonjour monsieur du corbeau, Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau ! Sans mentir, si votre ramage Se rapporte…
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Savez-vous ce qui est comique ? Une oie qui joue de la musique, Un pou qui parle du Mexique, Un bœuf retournant l’as de pique, Un clown qui n’est pas dans un cirque, Un âne chantant un cantique, un loir champion olympique. Mais ce qui est le plus comique, C’est…
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Le capitaine Jonathan, Étant âgé de dix-huit ans Capture un jour un pélican Dans une île d’Extrême-Orient. Le pélican de Jonathan, Au matin, pond un œuf tout blanc Et il en sort un pélican Lui ressemblant étonnamment. Et ce deuxième pélican Pond, à son tour, un œuf tout blanc D’où…
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La biche brame au clair de lune Et pleure à se fondre les yeux : Son petit faon délicieux A disparu dans la nuit brune. Pour raconter son infortune À la forêt de ses aïeux, La biche brame au clair de lune Et pleure à se fondre les yeux. Mais…
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A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes : A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui combinent autour des puanteurs cruelles, Golfes d’ombre ; E, candeur des vapeurs et des tentes, Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons…
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Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon cœur D’une langueur Monotone Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure. Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte. Paul Verlaine (1844-1896) (in «…
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Partir vers les rives du rêve ; Partir sur l’aile des désirs, Sur le voilier d’or qui s ‘élève Au gré des vents et des zéphyrs. Partir lorsque le jour s’achè Ve, Que brille l’étoile du soir ; Ne plus entendre lente, brève, Sonner l’heure du désespoir. Dans l’air où…