• Jean-Marie Flémal

    Mythomane

    Il me parle faussement détachéd’angoisse et de bitume qui colleil tourne autour de son coudeux fois sa longue écharpe ses lunettes solaires réfléchissantesaveuglent son regard blancmême au plus clair du jouret il fait maintenant nuit pleine il lui faut un casque pour son blueset les néons gueulards de la ruene…

  • Emile Verhaeren

    La pluie

    Longue comme des fils sans fin, la longue pluieInterminablement, à travers le jour gris,Ligne les carreaux verts avec ses longs fils gris,Infiniment, la pluie,La longue pluie,La pluie. Elle s’effile ainsi, depuis hier soir,Des haillons mous qui pendent,Au ciel maussade et noir.Elle s’étire, patiente et lente,Sur les chemins, depuis hier soir,Sur…

  • Jean-Marie Flémal

    Regime argonais?

    Quelques Montignaciens, au cours d’une excursion,s’étant hâtés vers un ibère restaurant,se virent refuser, pour leur consommation,des paellas, quand le patron dit, se marrant:“Allez, le premier, là, l’gros, goûte le safran!” ( le Zappe )

  • Raymond Herreman

    Les Gisants

    Ils sont couchés, froids, dans la pierre, réunis pour mille ans, le coeur et la bouche et les mains calmes, inséparables à jamais.   Il se sont aimés nus, mais maintenant, quì’ils sont de marbre, leurs jambes ne se joindront plus. Pourtant, ils sont voués l’un à l’autre.   Ils…

  • Georges RODENBACH

    La Soif

    À Émile Verhaeren. Les marins naufragés, debout sur leur radeauQue berce et qu’enveloppe un lugubre bruit d’eau,Cherchent à l’horizon l’aile blanche des voiles.Quand le calme renaît, quand brillent les étoilesComme des lampes d’or sur leur tombeau mouvant,Ils espèrent revoir le port au jour levant.Vain rêve : le temps calme est…

  • Georges RODENBACH

    À Edmond L.

    Edmond, te souvient-il de nos jeunes années,De ce temps encor proche et qui semble lointain,Où tous deux nous tenions nos têtes inclinées.Sur ces livres méchants de grec et de latin.. Mais voici qu’aujourd’hui tu prends un autre livre,Le livre le plus pur et le plus gracieux,Le livre de l’amour, dont…

  • Jean-Marie Flémal

    Le Poete Revisionniste

    C’était un grand poète il a une effigieDe douze mètres dix tout en bronze et en ferQue lui ont érigée ceux des chemins de ferCeux des mines et ceux de la sidérurgie C’était un grand poète il chantait l’énergieL’huile de bras de coude et celle dont se sertLe plus humble…

  • Jean-Marie Flémal

    Le Poete Brut

    Il écrivaitdes poèmes d’homme primairene faisait que fort peu de casde l’effort à fourniret rechignait sans patienceà toute peine Ses imagesne lui coûtaient que peu de voyagesils les avait toutesdepuis longtemps à portée de mainil lui suffisait de se baisser pour les glaneret les apprivoiser ensuitedans sa grande cage à…

  • Jean-Marie Flémal

    Lecture

    Tous ces livres lusl’un après l’autre dévoréspuis jetés pêle-mêleau pied du lit Tous ces livresces histoires ces contes ces poèmestous ces livres oubliéset au bout du compte la cécité Jean Marie Flemal

  • Jean-Marie Flémal

    Poete et Augure

    Le poète auscultele tranchant de l’heure“tendant la mainraidie déjà vers l’ultimeperception?” La chosed’une importance capitaleest-elle oui ou non de savoirsi l’humanité bouffera demain– et quoi ? –  ou la réponseà la question existentielleque se pose notre ami le poète – enfermé comme au secretdepuis tantôt vingt journéesface à son réfrigérateur…

  • Jean-Marie Flémal

    L’Artificieux

    Artificiel il parleil n’avait rien à direil n’avait rien apprisalors artificiel il parle De sa bouchetombent des n’importe quoidans des bruits de n’importe comment Mais qu’importe le résultatl’essentiel c’est que cet autreou cet un porte le messagedise aux autresce que personne avantn’avait encore ditce qu’artificiel il ditcar n’ayant rien à…