Les sanglots longs Des violons De l’automne Blessent mon cœur D’une langueur Monotone Tout suffocant Et blême, quand Sonne l’heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure. Et je m’en vais Au vent mauvais Qui m’emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte. Paul Verlaine (1844-1896) (in «…
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Voix de l’Orgueil : un cri puissant comme d’un cor, Des étoiles de sang sur des cuirasses d’or. On trébuche à travers des chaleurs d’incendie… Mais en somme la voix s’en va, comme d’un cor. Voix de la Haine : cloche en mer, fausse, assourdie De neige lente. Il fait…
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Un grand sommeil noir Tombe sur ma vie : Dormez, tout espoir, Dormez, toute envie ! Je ne vois plus rien, Je perds la mémoire Du mal et du bien… O la triste histoire ! Je suis un berceau Qu’une main balance Au creux d’un caveau : Silence, silence !…
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Je n’avais pas connu l’Ennui, Pourtant jusqu’au jour d’aujourd’hui Je vivais et mourais de lui. Ce depuis l’atroce journée Où, pauvre âme au ciel ramenée, J’ai méconnu ma destinée. Ramenée au ciel, et comment ? Par le fait logique et charmant D’un grand miracle assurément, Par la conversion soudaine D’un…
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Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L’automne Faisait voler la grive à travers l’air atone, Et le soleil dardait un rayon monotone Sur le bois jaunissant où la bise détone. Nous étions seul à seule et marchions en rêvant, Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent. Soudain,…
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La Chambre, as-tu gardé leurs spectres ridicules, O pleine de jour sale et de bruits d’araignées ? La Chambre, as-tu gardé leurs formes désignées Par ces crasses au mur et par quelles virgules ? Ah fi! Pourtant, chambre en garni qui te recules En ce sec jeu d’optique aux mines…
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Parmi la chaleur accablante Dont nous torréfia l’été, Voici se glisser, encor lente Et timide, à la vérité, Sur les eaux et parmi les feuilles, Jusque dans ta rue, ô Paris, La rue aride où tu t’endeuilles De tels parfums jamais taris, Pantin, Aubervilliers, prodige De la Chimie et de…
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Au docteur Louis Jullien. J’ai rêvé d’elle, et nous nous pardonnions Non pas nos torts, il n’en est en amour, Mais l’absolu de nos opinions Et que la vie ait pour nous pris ce tour. Simple elle était comme au temps de ma cour, En robe grise et verte et…
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J’ai presque peur, en vérité, Tant je sens ma vie enlacée A la radieuse pensée Qui m’a pris l’âme l’autre été, Tant votre image, à jamais chère, Habite en ce coeur tout à vous, Mon coeur uniquement jaloux De vous aimer et de vous plaire ; Et je tremble, pardonnez-moi…
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A grands plis sombres une ample tapisserie De haute lice, avec emphase descendrait Le long des quatre murs immenses d’un retrait Mystérieux où l’ombre au luxe se marie. Les meubles vieux, d’étoffe éclatante flétrie, Le lit entr’aperçu vague comme un regret, Tout aurait l’attitude et l’âge du secret, Et l’esprit…
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Vous êtes calme, vous voulez un voeu discret,Des secrets à mi-voix dans l’ombre et le silence,Le coeur qui se répand plutôt qu’il ne s’élance,Et ces timides, moins transis qu’il ne paraît. Vous accueillez d’un geste exquis telles penséesQui ne marchent qu’en ordre et font le moins de bruit.Votre main, toujours…