• Jean-Marie Flémal

    Buffet de Gare

    Les tiraillements intérieursagitent des bannières poisseusesderrière lesquelles naissentet s’estompent en même tempsdes faces qui ne sont plusqu’articulations béantesde cris L’inconfort de ce buffet de garem’oblige à l’avarice des motset le visage qui me regarde écrirerecharge les accus de son agressivitéface à cette main nerveuse et précisedont il ne comprend pas…

  • Jean-Marie Flémal

    Port de Fécamp 1977

    Il y a de la brume sur le vieux portoù d’immenses carcasses rouillées de cargosachèvent de se déglinguerau beau milieu de mon cafard c’est comme qui dirait le matinil doit y avoir un chaten train de miauler dans chaque poubelleet probablement aussiquelques vieilles putes blafardesen carafe dans le cœurde chacun…

  • Jean-Marie Flémal

    Plages

    Dans les barsc’est le grand videquelques visages neutrestrès peu de couples encore je devineà travers les vitres salesles serveuses fatiguéesaux jambes variqueuses celles-là n’ont pas le souriredes putes de vacancesce sont les bonnes femmesde la morte-saison la sueur de l’ennuiperle sur leurs visages mal fardésla musique des jukeboxestournoie sur le…

  • Jean-Marie Flémal

    Oubli

    Le professeur de math à toutes les frontièresfait croire aux gabelous qu’il est de même raceque les dieux. Aujourd’hui, il s’est grimé la faceen Neptune. “Et la fourche?” ironise un cerbère.“Alors, là, j’ai omis le trident!?!” “Laisse… passe!” ( le Zappe )

  • Jean-Marie Flémal

    Psychomatique, isn’t it?

    Chaque fois, la maladie lui tombait dessus aux grandes occasions.A sa première communion, un étourdissement lui fit perdre conscience.Au bout de trois mois, son mariage se solda par une crise d’impuissance.Après quoi, il tua sa bignole et fut pris d’atroces accès de convulsions.Quand on le guillotina, tous les badauds le…

  • Jean-Marie Flémal

    BRIMADES

    La tronche tavelée de taches de rousseur,On ne l’épargne guère et les vannes déferlentA son adresse. Il rétorque par quelque perleou cinglant quolibet dénué de douceuret où il est question de mères et de soeurs. ( le Zappe )

  • Jean-Marie Flémal

    Flambeur

    A force de sucer des tas de berlingots,Il finit par claquer le gros de sa fortune.Bientôt sans un, voilà-t-il pas qu’il m’importune,Tâte mon humeur et entreprend tout de goDe me taper, l’infâme bourreau de mes thunes ! ( le Zappe )

  • Jean-Marie Flémal

    SOIF DE MEURTRE

    Etant un tantinet soupe au laitIl enfonça sans trembler son styletDans le ventre d’albâtre de la rombièrePuis s’envoya coup sur coup dans le giletQuelques roboratives chopines de bière ( le Zappe )

  • Jean-Marie Flémal

    Tatiana la seringue

    Tatiana la seringueà cinq heures moins dix du matfrime par la fenêtrele soleil qui se lèvesur l’avenue de l’Indépendancepeuplée de chants d’oiseauxet de gouttes de roséeen suspension Tatiana la seringueà cinq heures moins dix du matprofite de l’existenceet à six heures elle meurtd’overdose c’est plus flashantc’est plus rapideet moins pénibleque…

  • Jean-Marie Flémal

    Jazz d’aurore

    Etang decuivre fron-daisons de laitonau centre de la vil-le champignon en-core engourdie à cetteheure où l’aube pourtant déjàs’insinue poussée parle souffle lent d’une trom-pette de jazz ce sont trois noirs as-sis en sourdinedans l’herbe du parc et qui sou-rienten se balançant doucement surun tem-po subtil ils ont l’iv-resse élégante et…