• Alfred de VIGNY

    Chant de Suzanne au Bain

    De l’époux bien-aimé n’entends-je pas la voix ? Oui, pareil au chevreuil, le voici, je le vois. Il reparaît joyeux sur le haut des montagnes, Bondit sur la colline et passe les campagnes. Ô fortifiez-moi ! mêlez des fruits aux fleurs ! Car je languis d’amour et j’ai versé des…

  • Alfred de VIGNY

    Une âme devant Dieu

    Dis-moi la main qui t’enlève, Ô mon âme, et dans un rêve Te montre la vérité ! D’où vient qu’un songe m’emporte Jusques au seuil de la porte Qu’entr’ouvre l’Éternité C’est ici que l’homme arrive ; Oui, je reconnais la rive Jusqu’où le rocher dérive Roulé dans le flot des…

  • Alfred de VIGNY

    Paris

    « Prends ma main. Voyageur, et montons sur la tour. — Regarde tout en bas, et regarde à l’entour. Regarde jusqu’au bout de l’horizon, regarde Du nord au sud. Partout où ton oeil se hasarde, Qu’il s’attache avec feu, comme l’oeil du serpent Qui pompe du regard ce qu’il suit…

  • Alfred de VIGNY

    Le malheur

    Suivi du Suicide impie, A travers les pâles cités, Le Malheur rôde, il nous épie, Prés de nos seuils épouvantés. Alors il demande sa proie ; La jeunesse, au sein de la joie, L’entend, soupire et se flétrit ; Comme au temps où la feuille tombe, Le vieillard descend dans…

  • Alfred de VIGNY

    Le Trappiste

    C’était une des nuits qui des feux de l’Espagne Par des froids bienfaisants consolent la campagne : L’ombre était transparente, et le lac argenté Brillait à l’horizon sous un voile enchanté ; Une lune immobile éclairait les vallées, Où des citronniers verte serpentent les allées ; Des milliers de soleil,…

  • Alfred de VIGNY

    Le bal

    La harpe tremble encore et la flûte soupire, Car la Walse bondit dans son sphérique empire ; Des couples passagers éblouissent les yeux, Volent entrelacés en cercle gracieux, Suspendent des repos balancés en mesure, Aux reflets d’une glace admirent leur parure, Repartent ; puis, troublés par leur groupe riant, Dans…

  • Alfred de VIGNY

    Le malheur

    Suivi du Suicide impie,A travers les pâles cités,Le Malheur rôde, il nous épie,Prés de nos seuils épouvantés.Alors il demande sa proie ;La jeunesse, au sein de la joie,L’entend, soupire et se flétrit ;Comme au temps où la feuille tombe,Le vieillard descend dans la tombe,Privé du feu qui le nourrit. Où…

  • Alfred de VIGNY

    La mort de loup

    I Les nuages couraient sur la lune enflamméeComme sur l’incendie on voit fuir la fumée,Et les bois étaient noirs jusques à l’horizon.Nous marchions sans parler, dans l’humide gazon,Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,Nous avons aperçu les grands ongles marquésPar…