Charles-Marie Lecont de Lisle (1818-1894) J’ai vécu, je suis mort. – Les yeux ouverts, je couleDans l’incommensurable abîme, sans rien voir,Lent comme une agonie et lourd comme une foule. Inerte, blême, au fond d’un lugubre entonnoirJe descends d’heure en heure et d’année en année,À travers le Muet, l’Immobile, le Noir.…
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Enfant ! si j’étais roi, je donnerais l’empire,Et mon char, et mon sceptre, et mon peuple à genouxEt ma couronne d’or, et mes bains de porphyre,Et mes flottes, à qui la mer ne peut suffire,Pour un regard de vous ! Si j’étais Dieu, la terre et l’air avec les ondes,Les…
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Tatiana la seringueà cinq heures moins dix du matfrime par la fenêtrele soleil qui se lèvesur l’avenue de l’Indépendancepeuplée de chants d’oiseauxet de gouttes de roséeen suspension Tatiana la seringueà cinq heures moins dix du matprofite de l’existenceet à six heures elle meurtd’overdose c’est plus flashantc’est plus rapideet moins pénibleque…
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Etang decuivre fron-daisons de laitonau centre de la vil-le champignon en-core engourdie à cetteheure où l’aube pourtant déjàs’insinue poussée parle souffle lent d’une trom-pette de jazz ce sont trois noirs as-sis en sourdinedans l’herbe du parc et qui sou-rienten se balançant doucement surun tem-po subtil ils ont l’iv-resse élégante et…
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Le vent du crépusculeEmpreint de ton odeurParvient jusqu’à nousTe vahine faateni tihaniTes yeux lancent des flammesSemblables aux rayons du soleilTelles les vagues océanesTon corps onduleEnivrant d’amour les guerriers maohiVisage dissimulé par ton opulente chevelureBraise de l’amourTu fais pleurer à genouxLes guerriers maohiTranspercés par ton amourO vahine faateni tihani. TE VAHINE…
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Tiens, la voilà : miss Béate, somnolantà l’ombre d’un parasol Campari. A côté d’elle,un bouquin – quelque chose de brillant : Callimaque,disons, imprimé dans une élégante typo vénitienne –lu à moitié (et il reste encoreles métaphores les plus osées !),un verre de gin, buée froidefleurissant sur le cristal. L’aircaresse sa…
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pour Dangriga monde sans finsauf ces quatre coins,à-pics aux bornes du monde,falaises soudainessurplombées d’hommes râpeux,tel celui-ci qui bégaieou cet autre qui tremble,effrayé d’être debout ;et tous rêvant des rêves. un jour ils parleront,sans retenue comme les vagues,exprimeront les syllabes du corps et danseronttel de l’or dans un océan de lumière.…
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(Librement traduit du créole par l’auteur) Il me plaît de chevaucher aussiComme sur les fresques de PompéiÀ la Romaine, à l’AndromaqueAlors vous porteriez ma marquePour une femme aussi c’est grand plaisirAinsi n’aurez-vous rien à redireC’est comme ça que vous serez combléÀ faire toutes ces choses que vous ditesAu coq chantantÀ…
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Ma sœur,sous un fouillis de lingeries,a dérobé ce cadeauaux ardents rayons X de la douaneet a mis en gage son nomsur le registre, sa signatureprécise comme les sillonsdu bout de ses doigts.Le flacon est resté cachésur l’étagère avec, de mon oncle,la collection de pierres de l’étangoù il pêchait ses terreux…
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Les Boat People
On les appelles les boat peopleDes pauvres illettrésEn quête de libertéA moitié affamés On les appelles les boat peopleIls laissent tout derrièreEt prennent la merAdieu misère On les appelles les boat peopleIls pensent vraimentSur un autre continentTrouver contentement On les appelles les boat peopleEmpilés sur un esquifPetits, grands tous chétifsGarde…
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(…) Soudain surgit devant moi l’oiseau à deux becs. Il me fixa de son petit oeil noir, brillant comme un puits, et d’un seul coup de bec il avala un morceau de chemin d’au moins un kilomètre. L’oiseau semblait ne pas avoir aucune intention de me nuire, mais son appétit…