Les nuits succèdent aux nuits
et chaque nuit tu t’en retournes seul
tu as comme l’impression de marcher
sur le clavier d’un orgue électrique
pas à pas sans trop te hâter
et même pas ivre
et chaque nuit tu t’en retournes seul
tu as comme l’impression de marcher
sur le clavier d’un orgue électrique
pas à pas sans trop te hâter
et même pas ivre
des voix te parviennent
il règne un tel silence
qu’elles te semblent proches
mais la seule lumière
encore allumée à cette heure
c’est de l’autre côté du pont
qu’elle vacille
il règne un tel silence
qu’elles te semblent proches
mais la seule lumière
encore allumée à cette heure
c’est de l’autre côté du pont
qu’elle vacille
tu marches depuis des heures
tu n’as jamais aimé la nuit
sauf chez toi à ta fenêtre
tu n’as jamais aimé la nuit
mais tu voudrais reculer
le matin qui déjà s’en vient
hésitant dans les grelots
d’un cheval et la voix
du laitier qui passent
mais ils t’ignorent
totalement invisible
que tu es comme
tous tes semblables
tu n’as jamais aimé la nuit
sauf chez toi à ta fenêtre
tu n’as jamais aimé la nuit
mais tu voudrais reculer
le matin qui déjà s’en vient
hésitant dans les grelots
d’un cheval et la voix
du laitier qui passent
mais ils t’ignorent
totalement invisible
que tu es comme
tous tes semblables
tu penses à ta femme
sans parvenir à l’imaginer
et en ce moment précis
c’est comme si tu avais déjà
oublié complètement son visage
après à peine trois mois d’absence
sans parvenir à l’imaginer
et en ce moment précis
c’est comme si tu avais déjà
oublié complètement son visage
après à peine trois mois d’absence
les premiers trains de l’aube
les visages blancs
les bouches qui se taisent
et les pas qui se hâtent
font renaître en toi
pendant quelques furtives secondes
la basse d’Eberhardt Weber
et le jeu traînant
un peu égaré même
de Ian Garbarek
les visages blancs
les bouches qui se taisent
et les pas qui se hâtent
font renaître en toi
pendant quelques furtives secondes
la basse d’Eberhardt Weber
et le jeu traînant
un peu égaré même
de Ian Garbarek
mais aucun sentiment
aucune tristesse rien
n’animent encor tes traits
tu as les yeux figés
et les muscles de ton visage
sont tendus comme vers un but
qui te serait encore inconnu
aucune tristesse rien
n’animent encor tes traits
tu as les yeux figés
et les muscles de ton visage
sont tendus comme vers un but
qui te serait encore inconnu
et qui le sera longtemps encor
et peut-être même toujours
puisqu’en ce moment précis
tu te rends compte
que tu es devenu
partie intégrante du paysage
immobile presque dans
le travelling de l’aurore
et peut-être même toujours
puisqu’en ce moment précis
tu te rends compte
que tu es devenu
partie intégrante du paysage
immobile presque dans
le travelling de l’aurore
copyright 2003 Jean-Marie Flemal
Avec l aimable autorisation de l’auteur
Avec l aimable autorisation de l’auteur