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Soleil et Mur

Le disque du soleil est un mur blanc de givre,
froid est le mois de mai.
Les oiseaux, les feuilles sur mes yeux circulent,
inaperçus, à leur gré.
Je ne les vois que partis au loin,
dérobés au-delà d’une image immuable
cachant un instant
l’oiseau qui survient
et marche sur mon regard.
Je n’éprouve que l’absence,
je suis aveugle à la vie,
nul n’entre ivre dans mon cœur,
sauvage et nu, mâchant des flammes,
secouant mes obscures fondations.
Toi, prends mon grand savoir,
prends ce que je crois mien,
ma froide certitude et mes victoires inutiles,
arrachent de mon front les chaines de la couronne,
salaire des beaux combats,
et donne-moi un brin de paille pour ma défaite,
pour ma soif un grain de sel,
une pierre pour ma faim,
pour la force de mon âge un sentier où je trébuche,
et que je puisse tout serrer sur ma poitrine,
boire la douleur
de celui qui reste sans larme,
indigne de les nommer frères.

Paul La Cour (1902-1956)
– – –
Une Demi Siècle de Poésie La maison du poète 2, 158 Rue de la Lune, Dilbeek, Copyright 1954 by “La Maison du Poète”, Dilbeek

 

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