Paul Eluard
Des vers d’amour, j’en ai rarement fait.
Je ne sais pas murmurer : “je t’adore”
En rythmes doux, qu’inspiré, l’on décore
Des mots subtils, par lesquels est parfait
Le très cher lien, qui toujours, veut éclore.
Je crois qu’un jour, Daudet vit le préfet,
Dans un grand bois, consommer le forfait
De mal rimer – je dis ce qu’on ignore….
Des vers d’amour.
Je produirais sûrement mon effet
Si j’en faisais, mais je suis satisfait
De mes succès de brillant matamore…
Quand je serai le vieux beau qu’on honore,
J’ouvrerai pour un minois stupéfait
Des vers d’amour.
(sanatorium de Clavadel – 1914 – pour Gala)