Il écrivait
des poèmes d’homme primaire
ne faisait que fort peu de cas
de l’effort à fournir
et rechignait sans patience
à toute peine
Ses images
ne lui coûtaient que peu de voyages
ils les avait toutes
depuis longtemps à portée de main
il lui suffisait de se baisser pour les glaner
et les apprivoiser ensuite
dans sa grande cage à mots
“C’était un poète”
a-t-on dit après sa mort
et il en riait dans sa tombe
se tapant sur les cuisses bruyamment
en se cognant les coudes à la caisse
et en poussant d’abominables jurons
qui chassaient les esprits du cimetière
et gelait l’eau des goupillons
les matinées d’enterrement
Mort comme vivant
jamais il ne résistait au sommeil
et sa production ne l’inquiétait guère
pas plus que la postérité
Il était d’une race en voie de disparition
et n’avait pas gravé son œuvre
dans une matière imputrescible
ou non recyclable
Jean Marie Flemal