Nous n’avons pas fini de renouer les rêves
dont tous les fils se sont cassés aux doigts des autres
et de jeter aux mains qui retombent, lassées,
le regard supérieur de nos jeunes dédains.
Nous n’avons pas fin de rire en écoutant
la Grise Expérience chevroter ses conseils,
ni de t’attendre au coin de nos vertes années,
Amour.
Nous n’avons pas fini de tourner le bouton
magique de la rengaine toujours pareille,
ni de remettre en marche le manège
où tournent , tournent nos illusions.
Et si un soir entre nos doigts filtrant les cendres
nous mesurons la vanité de nos efforts
Alors il sera temps peut-être de descendre
remplacer nos Morts.
Jean Réchou
(in “Poètes de l’Enseignement” réunis par Paul Parant
– éditions de la Revue Moderne, 1958)