Le temps d’un miroir n’a pas d’âge
Ni le visage qui s’y plaît,
Qui se regarde se partage
Et son passé n’a pas de clef.
Le doigt qui suit sur une tempe
La veine bleue ou le fil blanc
Comme la trame d’une estampe
Ou la frontière sur un plan,
Le doigt longtemps suit une ride
Et n’en devine le défaut
Que si le cœur devient aride
Et ne bat plus quand il le faut :
Qu’il n’hésite à se voir ni tremble
Celui pour qui change un miroir,
Et qui se cherche s’y ressemble,
Vieux le matin jeune le soir,
Selon son rêve ou sa parole,
Selon qu’il mente ou dise vrai
L’image d’un miroir se colle
A la finesse de ses traits
Longtemps après que continue
Dans une vitre son reflet,
Et que la main soit inconnue
Qui en referme le volet.
Rouben Mélik (1921-2007)
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