Audacieusement sise à cette hauteur,
Cette maison proprette et d’une vigne ornée
Est au milieu d’un tel déploiement de splendeur
Que l’on devrait, il semble, y trouver le bonheur.
Pourtant elle est abandonnée.
Abandonnée, avec ces champs verts alentour !
Vide, quand on peut voir de toutes ses fenêtres
Des coteaux, des vallons et des coteaux toujours !
Déserte, quand un lac au gracieux contour
Se montre là-bas dans les hêtres !
J’ai vu dans des pays ennuyeux, gris et plats,
Des maisons sans aucun relief ni caractère,
Près desquelles paissaient des troupeaux de boeufs gras,
Pleines de mouvement, de filles et de gars,
Où l’on trouvait bonne la terre.
Aux unes la ricbesse, à l’autre un pur tableau.
Ô Nature, en frappant de gel cette colline.
Voulais-tu dire au bâtisseur qui vint si haut,
Que l’homme éperdument attiré par le beau
À la misère se destine ?
Défricheur, qui rasas les bois pour t’établir
Et préparas l’émotion qui me transporte,
Je dois à ton travail de goûter ce plaisir ;
Pour te remercier permets-moi de t’offrir
Ces vers écrits devant ta porte.
Alphonse BEAUREGARD (1881-1924)
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