Le vent est doux comme une main de femme,
Le vent du soir qui coule dans mes doigts ;
L’oiseau bleu s’envole et voile sa voix,
Les lys royaux s’effeuillent dans mon âme ;
Au clavecin s’alanguissent les gammes,
Le soleil est triste et les coeurs sont froids ;
Le vent est doux comme une main de femme,
Le vent du soir qui coule dans mes doigts.
Je suis cet enfant que nul ne réclame,
Qu’une dame pâle aimait autrefois ;
Laissez le soleil mourir sur les toits,
Dormir la mer plus calme, lame à lame…
Le vent est doux comme une main de femme.
Charles GUÉRIN (1873-1907)