Noureddine Neggaz

J’AI VU

J’ai vu les couleurs de l’ironie
J’ai connu les degrés de la haine
Et j’ai entendu des violons
Qui s’accordaient
Pour la symphonie de la douleur …
J’ai vu une géante araignée
Répandre sa toile sur une ville
Longtemps muette
Longtemps bâillonnée
Longtemps ligotée
J’ai vu la ville
Prisonnière dans une cage d’insouciance …
Seul à seul
Moi et l’ennui
Nous allons à la vente aux enchères
De la rage et de la folie …
De la misère aussi
Jai vu un homme
Assister fièrement au défilé des escargots
J’ai vu un homme
Etouffer sa colère et taire sa plainte
J’ai vu un homme ……Saigner à blanc
J’ai vu un homme
Pénétrer dans le silence …
Seul à seul
Moi et l’ennui
Nous frappons à la porte
Du souvenir mutilé
De l’oubli
De l’amnésie
J’ai vu une femme
Pour des complots de sexe
Prendre un bain
Dans l’urine des crapauds
J’ai vu une femme
Essayer de transformer la réalité
A la recherche d’une consolation
J’ai vu une femme déçue …
J’ai vu une femme ….Epuiser ses larmes
Seul à seul
Moi et l’ennui
Nous luttons
Mais au fond de moi
Des choses se tordent et se déchirent …

J’ai vu un enfant
Surnommé « ordure «
J’ai vu un enfant
Maudire un soleil indifférent
Qui ne réchauffe plus son corps froid
J’ai entendu sa voix qui s’élevait
Puis se taisait , désespérée
J’ai entendu ses cris éclater dans le vide
J’ai vu un enfant
Mourir
Plein de songes , plein d’ espérances …
Seul à seul
Moi et l’ennui
Nous rêvons de changer la ville
En une blague
Un rire
Un cri … électrique

Noureddine Neggaz – poème de son recueil « CHANTS DU CORPS » paru en Mai 2014