Ce matin, triste et seule,quand j’ai rouvert mon livre
Il était plein de fleurs et de plumes d’oiseaux;
Rappelez-vous nos jeux parmi les grands roseaux,
Et le temps où deux mots de vous me faisaient vivre.
Près de l’étang fleuri vous me laissiez vous suivre,
Nous prenions pour signets les feuilles de bouleaux,
Et nous allons pêcher dans le fond des îlots.
Ou causer dans les foins dont le senteur envivre.
Loin de vous,dans les bois, j’allais aussi m’assoir
Rêvant à des sonnets que j’achevais le soir,
Pensant à des baisers comme on pense à des crimes.
Hélas! tout mon bonheur est parti par lambeaux;
Je n’aime plus ces vers que je trouvais si beaux
N’ayant plus vos grands yeux où je recherchais mes rimes.
Amédée Pigeon (1851 e – 1905)
“Les deux amours. Poésies”. 1876 (Alphonse Lemerre, éditeur)
Amédée Pigeon a collaboré à la Gazette des Beaux-Arts où il a donné des articles sur l’art allemand et sur l’art anglais, eu au Figaro. Il la publié u volume de poèmes, Les Deux Amours (1876), deux romans, La Confession de Madame de Weyre (1886), Une Femme jalouse (1888); un ouvrage sur l’Allemagne, L’Allemagne de M. de Bismarck (1885), etc.