Jean-Marie Flémal

LA DRAGUEUSE

Je me farcirais bien quelque mari honnête
car j’en ai plein le dos des rustres avinés
qui font ça tel l’éclair et qu’il faut malmener
pour qu’ils raquent leur dû. Moi, ma passion secrète,

c’est l’employé modèle, innocent dans sa tête
mais qui feint d’ignorer où je vais l’entraîner.
Celui-ci n’est pas mal, quoique désordonné
quand il veut m’aborder. Bah ! je suis déjà prête

à sortir le grand jeu. Ses doigts sont boudinés :
Serait-ce un tripoteur aux élans effrénés
ou l’obscur jouisseur qui s’éclate en cachette ?

Si sa femme l’apprend, ça va carillonner.
Je la sais envieuse, c’est pas souvent sa fête,
même si, dans la rue, elle fait sa coquette.

 

(20 février 2005)

Jean-Marie Flémal