G Mend-Ooyo

Ma mélodie de soi

Ma steppe s’écoutait au fil du temps,
Elle attendait quelqu’un qui guette un moment passé.
Quand la lumière et l’ombre se joignirent et se quittèrent
Elle soupirait en douce, impatiente et paisible jusqu’à l’éveil.

A ce moment suave où je vins en elle
Blatérait une mélodie-chamelle,
Le vent des crêtes m’envoyait des chants d’oiseaux :
C’est dans ce chant que je suis né.

Je ne suis qu’une plante frêle de ma steppe grise ;
Lorsque le vent joue un air de flûte sur chaque tige et chaque herbe,
Quand les alouettes de l’aube donnent le préambule du matin,
Au moment où mon destrier hennit au-delà du rideau de nuages,

Accordé comme la vièle, à tête cheval et à deux cordes,
Je me sens uni au chant universel.
Elle m’appelait pour chanter avec moi en chœur,
Moi et le jonc chéri.

Quand les sabots des chevaux jouaient du tambour sur les rives du lac,
Dans mon âme secrète se tendaient deux cordes de vièle, à tête cheval.
Pendant que le chamelon blanc l’orphelin blatérait
Le bruit sec des anneaux, métalliques, entrecroisés,
De son attache me captura jusqu’aux larmes

Si le rossignol chante tout seul, aux montagnes lointaines
Et si la lune d’un soir, paisible manque la mélodie,
J’accorderais les cent cordes de mon cœur tendre
Et les rassurerais avec ma mélodie de grand yatga.

Le vent délié fut tressé pour une corde musicale
En sourdine, mon père joua de la vièle sur moi, j’étais la vièle.
Au bruit du mors, de la bride de mon destrier
Qui encensait au loin le chemin de mon rêve
Se dessinèrent les deux cordes de ma vièle.

Je suis cette corde mélodique, celle de ma steppe paisible
Jouez sur moi, je chanterais à votre gré.
Je surveillerai vos rêves de la nuit à l’aube,
Je composerai les berceuses aux racines de votre vie herbeuse.

G Mend-Ooyo

Traduction:  Patrick Fishman

 

Avec l’aimable permission de l’auteur

http://www.mend-ooyo.com/
http://mend-ooyo.blogspot.de/