Mais, je le sais, j’en suis sûre,
Je te suivrai, je viendrai où que tu sois ;
Dans ton âme je vis, je suis sans mesure,
II n’y a nulle place pour autre que moi.
Devant toi peuvent scintiller maints visages,
C’est moi qui te regarderai de leurs yeux,
Dans chaque voix tu entendras mon langage,
Dans chaque son tu percevras mes aveux.
Et quand le soir tu iras par les allées,
C’est mon regard que renverra le néon,
Et quand t’effleureront les feuilles mouillées,
Tu sentiras mon souffle dans ton sillon.
Chez toi quand tu t’enfonceras dans les livres,
C’est moi que tu verras, et par la croisée
Avec la brise j’entrerai, sur tes lèvres
De la cigarette je serai fumée.
Et si toutefois tu fermes la croisée,
Je deviendrai bourrasque, vent, ouragan,
Te briserai les carreaux et j’entrerai
Dans ta chambre, dans ton monde et tout le temps
Je brouillerai
Ta vie
Ton âme
Tes papiers…
Non, tu ne peux, tu ne peux pas m’oublier !…
Sylva Kapoutikian (1919 – 2006)
Traduit par Albert Andonian
Photo: Private