Jean-Marie Flémal

Tatiana la seringue

Tatiana la seringue
à cinq heures moins dix du mat
frime par la fenêtre
le soleil qui se lève
sur l’avenue de l’Indépendance
peuplée de chants d’oiseaux
et de gouttes de rosée
en suspension

Tatiana la seringue
à cinq heures moins dix du mat
profite de l’existence
et à six heures elle meurt
d’overdose

c’est plus flashant
c’est plus rapide
et moins pénible
que la vieillesse
ou la cirrhose

et les chants d’oiseaux
s’éteignent progressivement
avec la belle explosion de l’aube
les portières et les portes qui claquent
et les moteurs qui toussotent
ou les passants qui trottent
en hâte et en tous sens

Tatiana la seringue
jamais tes yeux vagues
n’ont été aussi beaux
que dans la mort

quels paysages contemplent-ils donc
parmi lesquels tu te referais
une douce et belle éternité
Tatiana la seringue ?

©Jean-Marie Flemal