Jean Richepin,Les Caresses, 1877
La rosée
S’envole et remonte aux cieux
Quand le soleil radieux
L’a baisée.
Ainsi les pleurs de mes yeux
S’évaporent, quand tu veux,
En rosée.
Rossignol,
Ton doux chant sous la ramée
Semble la voix enrhumée
De Guignol,
Lorsque de ma bien-aimée
Chante la voix parfumée,
Rossignol.
L’hirondelle
S’en revient quand le printemps
A chassé les noirs autans
A coups d’aile.
Ainsi tes ris éclatants
Ramènent de mes vingt ans
L’hirondelle.
Mes amours
Sont comme un vin qui détonne
Et fait craquer de l’automne
Le velours.
Et je chante, et je festonne,
Et je ris, lorsque j’entonne
Mes amours.