Quand le vent eut frappé,
quand fut détruite la Cité de l’âme,
quand la tyrannie eut bousculé jusqu’àu dernier des souffles,
le Voyageur fut jeté, a brindille dans l’ouragan,
jusqu’au désert sans route,
vers l’exode sans but.
D’autres, nombreux, des familles entières jetées au
vide, au rien, à l’égarement,
cherchant un lieu, et ne sachant,
de l’eau, et ne la trouvant.
Ou bien trouvant un puits et voyant leurs mains vides,
voyant l’absence de corde et voyant un enfant,
d’une pierre insondable, révéler la vérité ;
que le puits est à sec depuis des siècles
et qu’ils sont des plantes déracinées.
Ô errants du désert
ne vous avais-je pas dit :
La tempête va venir
Et votre barque est pitoyable
et le torrent sera couteau, vertige, tourbillon,
des rocs se dresseront, creusant lames et gouffres
et vous verrez un Monstre, ensuite,
en chaque grain de sable, en chaque goutte d’eau.
(Chant de l’errance, Cercle 1er, “Le Message du Soir”)
Sayd Bahodine Majrouh (1928 – 1988)
Cent poème sur l’exil – Ligue de Droits de L’homme cherche midi éditeur, 1933