Jean-Marie Flémal

Poete des Temps Maudits

Confondant blancheur et pureté
tu en es venu à salir
inconsciemment – peut-être –
tout ce que tu touches
poète de ces temps maudits

Les rouages subtils de ton verbe
comme tous les rouages ici-bas
de Pittsburgh au sommet du Parnasse
nécessitent de savants huilages

Il en reste malheureusement
toujours un peu sur les doigts
et partout ce sont des odeurs
tantôt fugitives tantôt persistantes
qui ont pour noms savoir-faire
ou métier virtuosité talent
ou même art

N’empêche
tu ne convaincras jamais que tes semblables
tous ceux qui comme toi sont passés maîtres
dans la fureur de l’engendrement littéromane
et la gestation pénible de l’artifice

L’humanité idéale que tu recrées
avec force ahans et au prix de nuits ulcérantes
n’est constituée que de monstres
qui ne survivraient pas trois minutes
hors de la cloche de verre du boudoir
que pompeusement tu appelles ton antre

Pauvre
pauvre petit médecin de l’âme
et qui n’es qu’un de ses multiples
cancers

Jean Marie Flemal