On les appelles les boat people
Des pauvres illettrés
En quête de liberté
A moitié affamés
On les appelles les boat people
Ils laissent tout derrière
Et prennent la mer
Adieu misère
On les appelles les boat people
Ils pensent vraiment
Sur un autre continent
Trouver contentement
On les appelles les boat people
Empilés sur un esquif
Petits, grands tous chétifs
Garde aux récifs
On les appelles les boat people
Ils voguent au gré de l’océan
A vos ordres commandant
Vivons pour le moment
On les appelles les boat people
Ballottés par les vagues
Des nuages plein d’orages
Souvent cause de naufrage
On les appelles les boat people
Sur un ton dérisoire
Un mépris sans savoir
On fait l’histoire
On les appelles les boat people
On les montrent du doigt
En faisant le signe de la croix
Et ils y croient
On les appelles les boat people
On rapatrie sans engagement
Les quelques survivants
Comme des mendiants
On on on…
Vous vous vous…
Avec vos sourires charmeurs sans pitié
Avec vos airs d’anges sans piété
C’étaient des hommes femmes et enfants
Qui cherchaient ailleurs
Une vie meilleure
Qui rêvaient de pouvoir enfin
Dormir dans un lit
Manger a leur faim
De se promener le soir
Sans avoir peur
Du noir
De pouvoir élever leurs enfants
Qu’ils sachent lire
Et écrire
C’étaient des hommes femmes et enfants
Qui croyaient que le bon dieu
Etait toujours bon
Et qu’il suffisait de vouloir
Et d’y croire
Pour pouvoir
Qu’ils n’avaient
Plus rien à perdre
Et tant à gagner
Pauvres malheureux
Qui préféraient voir
En fermant les yeux
On les appelles les boat people
C’étaient des hommes femmes et enfants
Qui ont finalement trouver la paix
Au fond des océans
Ils sont enfin heureux
Ils ne savent pas
Que leurs rêves
Sont morts
Et dort
Avec eux
Au fond des océans
Et les on et les vous
Qui n’ont jamais connu la misère
Continu dans cette savante ignorance
A les appeler avec fausse sollicitude
« les boat people »
Août 2002
Muriel Vieux
Avec l aimable autorisation de l’auteur