La peau de la femme rêve à celui qui la lèche
Sa chevelure rêve à la main qui la démêle
Sa main rêve à la sueur nichée au creux de l’autre main
Ses deux lèvres rêvent à l’ardeur du baiser
Ses deux genoux rêvent à deux baisers différents
Le téton rêve d’un ardent téteur de sein
Le cou rêve à celui qui l’embrasse avec une tendresse douloureuse
Le corps rêve à celui qui l’étreint sans répit
Le cœur rêve que ses battements conversent avec un autre cœur
L’esprit rêve à celui qui l’héberge
Les deux pieds rêvent de marcher avec cet hôte
Et les deux bras rêvent de le bercer pour l’endormir
Les deux yeux rêvent à une langue secrète qui n’a pas besoin de mots
L’oreille rêve d’entendre son nom dans l’imagination de l’autre
Quand tout est sec, les rivières rêvent d’exubérance.
Dhabya Khamis
Dhabya Khamis, 1958 (Dubaï, Emirats Arabes Unis)-
(Traduction : Antoine Jockey, A. K. El Janabi et Mona Huerta)
Extrait du “Le poème arabe moderne” (Maisonneuve & Larose, 1999) avec la permission de son auteur A.K. El Janabi
Dhabya Khamis a fait ses études aux Etats-Unis et en Angleterre. Journaliste de télévision elle a publié deux recueils de nouvelles, un essai sur la poésie et le féminisme et a traduit la poésie d’avant-garde européenne. Divers recueils poétiques sont à noter à son actif. Parmi eux, on retiendra Un pas sur la terre (1981), Poèmes d’amour (1985) et Un suicide très tranquille (1992). Vive et ardente, sa poésie s’inscrit dans un courant de lutte pour la liberté de la femme