Jean-Marie Flémal

Buffet de Gare

Les tiraillements intérieurs
agitent des bannières poisseuses
derrière lesquelles naissent
et s’estompent en même temps
des faces qui ne sont plus
qu’articulations béantes
de cris

L’inconfort de ce buffet de gare
m’oblige à l’avarice des mots
et le visage qui me regarde écrire
recharge les accus de son agressivité
face à cette main nerveuse et précise
dont il ne comprend pas la différence

Le moindre frôlement d’épaule
aujourd’hui me laboure le ventre

*

Le poète se crée ses propres malédictions
et souvent le courage lui manque :
introverti dans la foule
extraverti dans la solitude
ses regards ses mots
ses gestes ses pas
ne font qu’illimiter l’étendue
de son porte-à-faux sensoriel

Jean Marie Flemal