Dans le jardin du Luxembourg, Sous le regard lointain des reines, Les enfants jouent comme toujours. Nerval, Paul Fort, Carco, Verlaine, Où sont vos silhouettes blêmes ? Sous les marronniers aux bras gourds, On entend couler la semaine Sans que, là-bas, du haut des tours, Paris de rien se ressouvienne. Même s’ils étaient couverts d’or, Ici, tous les absents ont tort. Pourtant, toujours on se...
Le jardin du Luxembourg
Ma seule amour…
Ma seule amour, ma joie et ma maîtresse,Puisqu’il me faut loin de vous demeurer,Je n’ai plus rien, à me réconforter,Qu’un souvenir pour retenir liesse. En alléguant, par Espoir, ma détresse,Me conviendra le temps ainsi passer,Ma seule amour, ma joie et ma maîtresse,Puisqu’il me faut loin de vous demeurer. Car mon coeur las, bien garni de tristesse,S’en est voulu...
Mon coeur s’ébat
Triolet – vers 1390 – Jean Froissart Mon coeur s’ébat en odorant la roseEt s’éjouit en regardant ma dame : Trop mieux me vaut l’une que l’autre chose.Mon coeur s’ébat en odorant la rose. L’odeur m’est bon, mais du regard je n’oseJouer trop fort, je vous le jur’ par m’âme.Mon coeur s’ébat en odorant la roseEt...
For a Moment Time Stood Still….
The Winter Lakes
Out in a world of death far to the northward lying,Under the sun and the moon, under the dusk and the day;Under the glimmer of stars and the purple of sunsets dying,Wan and waste and white, stretch the great lakes away. Never a bud of spring, never a laugh of summer,Never a dream of love, never a song of bird;But only the silence and white, the shores that grow chiller and dumber,Wherever the ice...
To the Muses
WHETHER on Ida’s shady brow, Or in the chambers of the East, The chambers of the sun, that now From ancient melody have ceas’d; Whether in Heaven ye wander fair, Or the green corners of the earth, Or the blue regions of the air Where the melodious winds have birth; Whether on crystal rocks ye rove, Beneath the bosom of the sea Wand’ring in many a coral grove, Fair Nine, forsaking Poetry! How have...
Chanson de l’oiseleur – Chanson
L’oiseau qui vole si doucement L’oiseau rouge et tiède comme le sang L’oiseau si tendre l’oiseau moqueur L’oiseau qui soudain prend peur L’oiseau qui soudain se cogne L’oiseau qui voudrait s’enfuir L’oiseau seul et affolé L’oiseau qui voudrait vivre L’oiseau qui voudrait chanter L’oiseau qui voudrait crier L’oiseau...
LE REGARD
Regard ardant, cruel meurtrier de l’ame,Et qui le corps retire de la lame,Portant l’enfer en son superbe trait,Et paradis en son plus doux attrait. Regard posé d’un oeil demy ouvert,Orné d’esmail, d’esmail noir, blanc et verd,Dessous le sein d’une voille argentée,Rasserenant l’oeillade redoutée. Regard aygu à la force asseuréeContre les...
Rondeau de la neige
Tombe la neige !Triste manège :Moucher, toussir,Prendre élixir,Au lit gésir.
Maint déplaisirMon mal rengrège.Tombe la neige.
Pardonnerai-je ?Ou hairai-je ?Je n’ai loisirDe rien choisir.Sur tout désirTombe la neige.
André Mary (1879-1962)– – –( in Rimes et bacchanales – 1935 )
De triste coeur
De triste coeur chanter joyeusementEt rire en deuil c’est chose fort à faire,De son penser montrer tout le contraire,N’issir doux ris de dolent sentiment, Ainsi me faut faire communément,Et me convient, pour celer mon affaire,De triste coeur chanter joyeusement. Car en mon coeur porte couvertementLe deuil qui soit qui plus me peut déplaire,Et si me faut, pour les gens faire taire,Rire...