Latest Poems

Même quand nous dormons

M

Même quand nous dormons nous veillons l’un sur l’autreEt cet amour plus lourd que le fruit mûr d’un lacSans rire et sans pleurer dure depuis toujoursUn jour après un jour une nuit après nous.

(Derniers Poèmes d’amour)

Paul Eluard 14 December (1895 –  1952)

Le jardin du Luxembourg

L

Dans le jardin du Luxembourg, Sous le regard lointain des reines, Les enfants jouent comme toujours. Nerval, Paul Fort, Carco, Verlaine, Où sont vos silhouettes blêmes ? Sous les marronniers aux bras gourds, On entend couler la semaine Sans que, là-bas, du haut des tours, Paris de rien se ressouvienne. Même s’ils étaient couverts d’or, Ici, tous les absents ont tort. Pourtant, toujours on se...

Mon coeur s’ébat

M

Triolet – vers 1390 – Jean Froissart Mon coeur s’ébat en odorant la roseEt s’éjouit en regardant ma dame : Trop mieux me vaut l’une que l’autre chose.Mon coeur s’ébat en odorant la rose. L’odeur m’est bon, mais du regard je n’oseJouer trop fort, je vous le jur’ par m’âme.Mon coeur s’ébat en odorant la roseEt...

To the Muses

T

WHETHER on Ida’s shady brow, Or in the chambers of the East, The chambers of the sun, that now From ancient melody have ceas’d; Whether in Heaven ye wander fair, Or the green corners of the earth, Or the blue regions of the air Where the melodious winds have birth; Whether on crystal rocks ye rove, Beneath the bosom of the sea Wand’ring in many a coral grove, Fair Nine, forsaking Poetry! How have...

Chanson de l’oiseleur – Chanson

C

L’oiseau qui vole si doucement L’oiseau rouge et tiède comme le sang L’oiseau si tendre l’oiseau moqueur L’oiseau qui soudain prend peur L’oiseau qui soudain se cogne L’oiseau qui voudrait s’enfuir L’oiseau seul et affolé L’oiseau qui voudrait vivre L’oiseau qui voudrait chanter L’oiseau qui voudrait crier L’oiseau...

La servante au grand coeur

L

La servante au grand coeur dont vous étiez jalouse, Et qui dort son sommeil sous une humble pelouse, Nous devrions pourtant lui porter quelques fleurs. Les morts, les pauvres morts, ont de grandes douleurs, Et quand Octobre souffle, émondeur des vieux arbres, Son vent mélancolique à l’entour de leurs marbres, Certe, ils doivent trouver les vivants bien ingrats, A dormir, comme ils font...

A un poète ignorant

A

Qu’on mène aux champs ce coquardeau,Lequel gâte (quand il compose)Raison, mesure, texte et glose,Soit en ballade ou en rondeau. Il n’a cervelle ne cerveau.C’est pourquoi si haut crier j’ose :” Qu’on mène aux champs ce coquardeau. “ S’il veut rien faire de nouveau,Qu’il oeuvre hardiment en prose(J’entends s’il en sait quelque chose)...

LE REGARD

L

     Regard ardant, cruel meurtrier de l’ame,Et qui le corps retire de la lame,Portant l’enfer en son superbe trait,Et paradis en son plus doux attrait.      Regard posé d’un oeil demy ouvert,Orné d’esmail, d’esmail noir, blanc et verd,Dessous le sein d’une voille argentée,Rasserenant l’oeillade redoutée.      Regard aygu à la force asseuréeContre les...

Triolet – Quand Colette

T

Quand Colette Colet colieElle le prend par le colet.

Mais c’est trop grant mélancolie,Quand Colette Colet Colie.

Car ses deux bras à son col liePar le doux semblant de colet

Quand Colette Colet colie,Elle le prend par le colet.

Guillaume de Machaut (1300 ? – 1377)